Nématode doré : les producteurs lancent un cri de détresse au ministre fédéral

Publié: 5 novembre 2006

Montréal (Québec), 31 octobre 2006 – « Le ministre fédéral Chuck Strahl doit intervenir rapidement pour soutenir les producteurs et productrices agricoles de la région de Saint-Amable, aux prises avec d’énormes pertes depuis que leur région a été mise en quarantaine. Leur situation est de plus en plus intenable, plus de deux mois après que les autorités fédérales aient freiné leurs activités. »

Voilà le cri d’urgence qu’ont lancé aujourd’hui les producteurs agricolesde cet endroit, réunis majoritairement sous la bannière du Groupe Ama-Terre etappuyés dans leurs demandes par la Fédération des producteurs de pommes deterre du Québec (FPPTQ), la Fédération interdisciplinaire de l’horticultureornementale du Québec (FIHOQ), la Fédération régionale de l’UPA deSaint-Jean-Valleyfield et l’Union des producteurs agricoles (UPA).

« Tout le monde reconnaît qu’il faut aider ces gens-là, mais le problèmec’est qu’il n’y a encore aucun programme mis en place et cela, après deux moisd’attente. Ce genre de mesure relevant du fédéral, voilà pourquoi nous nousadressons directement au ministre Strahl pour qu’il adopte enfin des mesuresd’aide spécifiques à la situation, a expliqué le président de l’UPA. Nousattendons aussi un appui de Québec, qui doit soutenir nos revendications en cesens. »

Nos élus ont une obligation morale, a-t-il soutenu. « Ces producteurs-làont agi de façon responsable et dans l’intérêt public. Ils ont pleinementcollaboré avec le MAPAQ et l’Agence canadienne d’inspection des aliments, cequi a grandement contribué à la levée d’un embargo qui s’appliquait, àl’origine, à l’échelle du Québec. L’équité la plus élémentaire exige qu’on lessoutienne de manière juste et adéquate, eux qui vivent un stress épouvantabledepuis plus de deux mois. »

« Il s’agit d’une situation exceptionnelle qui nécessite des mesuresexceptionnelles, et le ministre fédéral doit absolument en tenir compte, ontpour leur part soutenu le président de la FPPTQ, M. Pierre Chouinard, et celuide la FIHOQ, M. Jean Grégoire. D’autant plus, ont-ils insisté, que sonMinistère a déjà édicté, par le passé, des règlements autorisant uneindemnisation dans des situations comparables, des précédents qui justifient,eux aussi, qu’il intervienne en toute équité. »

« On ne peut plus vendre nos produits. On doit détruire notre production,faire une croix sur les revenus de nos récoltes, non seulement actuelles maisaussi à venir. La situation est catastrophique! Il faut pourtant continuer àhonorer nos obligations financières et faire notre épicerie. Les fournisseurset les banques sont à nos portes; nos gens ont besoin de liquidités, pas pouraujourd’hui, pour HIER! » a fait valoir, de son côté, M. Philippe Gemme,président du Groupe Ama-Terre, soulignant ainsi l’urgence de la situation.

Pour M. Eddy Proulx, président de la Fédération régionale de l’UPA deSaint-Jean-Valleyfield, qui comprend Saint-Amable sur son territoire, c’est undur coup. « A elles seules, a-t-il souligné, les entreprises de pommes de terrequi sont concernées revendiquent 7 % de la superficie provinciale consacrée àcette production. S’y trouvent aussi plusieurs emballeurs qui écoulent despommes de terre d’un nombre important de producteurs d’autres régions, sanscompter les productions horticole et maraîchère. C’est un drame pourl’économie locale et régionale. »

On se rappellera que, le 15 août dernier, on découvrait un cas denématode doré (un ver ravageur) chez un producteur de pommes de terre de larégion. La quarantaine fut aussitôt annoncée par l’ACIA, suivie d’un embargocomplet, dès le lendemain, par les Etats-Unis sur les pommes de terre etcertains végétaux cultivés à même le sol.

Les frontières américaines ont beau avoir été rouvertes à ces produitsvégétaux québécois et canadiens, le 16 octobre dernier, la réalité restemalheureusement dramatique pour les agriculteurs de différents secteurs deproduction agricole dont les terres se trouvent dans une zone qui, depuis, aété réglementée et soumise à des restrictions hautement limitatives. Il fautsavoir, à titre indicatif, qu’une ferme de 60 hectares en pommes de terregénère des ventes qui varient entre 250 000 et 450 000 dollars annuellement,ce qui donne une idée des pertes possibles.

Le nématode doré est un parasite justiciable de quarantaine à déclarationobligatoire au sens de la Loi sur la protection des végétaux. Sans risque pourla salubrité et l’innocuité de la pomme de terre ni pour la santé humaine, saprésence peut toutefois entraîner des baisses de rendement atteignant 80 %. Deplus, il peut rester présent dans le sol durant de nombreuses années,attendant une plante hôte comme la pomme de terre, la tomate et l’auberginepour se reproduire.

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA)
http://www.cfia-acia.agr.ca/

Agriculture Canada
http://Aceis.AGR.CA/

Fédération des producteurs de pommes de terre du Québec (FPPTQ)
http://www.fpptq.qc.ca

Fédération interdisciplinaire de l’horticulture ornementale (FIHOQ)
http://www.fihoq.qc.ca

Ministère de l’agriculture des pêcheries et de l’alimentation du Québec (MAPAQ)
http://www.mapaq.gouv.qc.ca

Union des producteurs agricoles (UPA)
http://www.upa.qc.ca/

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