Des tomates par millions

Par RBC

Publié: 12 juin 2023

Les frères Stéphan et Pascal Lemieux, co-propriétaires des Serres Royales.

Les Serres Royales, important producteur de tomates au Québec, a bâti son succès grâce à la spécialisation, à la sélection de technologies de pointe et aux conseils avisés de ses partenaires financiers.


Dès que vous franchissez la porte du complexe, on vérifie si vous êtes allé dans une autre serre récemment et on vous fait enfiler un sarrau jetable. Puis, vous devez tremper vos semelles dans un bain de pied désinfectant.


Le rigoureux protocole sanitaire donne à penser qu’on ne laisse rien au hasard aux Serres Royales. La visite avec Stéphan et Pascal Lemieux d’un de leurs trois complexes de serre viendra confirmer cette impression.

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Situées à Saint-Jérôme, dans les Basses-Laurentides, les Serres Royales s’affichent comme le plus important producteur de tomates miniatures au Québec. Celles-ci représentent plus de la moitié de la production de l’entreprise.


Fondées en 1995, les Serres Royales exploitent trois complexes de trois hectares. L’un est réservé aux tomates biologiques alors que les deux autres produisent des tomates conventionnelles. La gamme de produits comprend des tomates cerises (rondes) et des tomates raisins (oblongues). S’y ajoutent des tomates régulières, dites « beef ».


« On tient à offrir aux chaînes de supermarchés une gamme complète de produits », indique Stéphan.


Leurs produits se retrouvent dans toutes les bannières québécoises de supermarchés et sont aussi exportés en Ontario et aux États-Unis sous la marque de commerce Diva.


C’est par souci d’efficacité que l’entreprise se limite à la tomate.

Les tomates conventionnelles se font en culture hydroponique. L’eau enrichie de nutriments qui n’est pas utilisée par les plants est filtrée, stérilisée puis réutilisée.


« Dans la production en serre, chaque légume a des exigences spécifiques aux plans de la production et du conditionnement, déclare ce dernier. C’est plus rentable de se spécialiser. »


Le producteur explique qu’au point de vue des maladies et des insectes ravageurs, cette spécialisation ne crée pas de problème particulier.


« Chaque serre est vidée et stérilisée au complet une fois par année, indique-t-il. C’est comme si on faisait un reset. En revanche, le bio est différent et on commence à penser que ce serait mieux d’avoir deux ou trois cultures. »

En tant que partenaire financier, RBC a soutenu la croissance et l’essor des Serres Royales depuis leurs débuts, notamment en présentant aux frères Lemieux divers spécialistes.

« Il faut à la fois beaucoup d’humilité et d’assurance pour s’entourer de gens qui vous remettent en question, dit Fabienne Côté, qui conseille les clients du secteur agricole à RBC. Mais Stephan et Pascal savent que nous sommes là pour les aider à faire progresser leur entreprise. »


Le complexe de serres que les deux frères nous font visiter a été bâti en 2022.


« Au point de vue technologique, c’est le summum de ce qui se fait sur la planète en ce moment », n’hésite pas à dire Pascal. Les équipements originent en majorité des Pays-Bas.


« Ce sont les entreprises hollandaises qui créent la plupart des équipements et des serres, rapporte-t-il. Ils ont une longueur d’avance sur nous. »


« Dans notre domaine, la technologie est devenue le nerf de la guerre, enchaîne Stéphan.

Chaque année, pas de moins de deux millions de contenants d’une pinte de tomates miniatures des Serres Royale prennent la route des supermarchés sous la marque Diva.


On se rend régulièrement aux Pays-Bas pour se tenir à jour. On a justement planifié un voyage cet été. »


Le type de serres retenu pour le plus récent complexe est baptisé Ultraclima. Une de ses caractéristiques est sa hauteur, qui atteint sept mètres (23 pieds). « C’est la hauteur optimale pour la production de tomates, explique Pascal. Celle-ci varie selon le légume. »


Une autre particularité du complexe est son système de ventilation. « C’est une serre semi-fermée, décrit Stéphan. On recycle une partie de l’air intérieur en le combinant à l’air extérieur en fonction de la température en dehors et de la température et du degré d’humidité dans les serres. Le gros avantage, c’est qu’il n’y a pas d’air froid qui va directement sur les plants. En fait, c’est le même principe que pour les échangeurs d’air résidentiels. »


Comme les autres complexes de l’entreprise, le plus récent est chauffé à la biomasse. Cette dernière se compose de résidus de broyage et de résidus forestiers.


« C’est sûr qu’on préfère les résidus de broyage, car ils sont plus secs, confie Pascal. Mais comme nos besoins sont importants, on utilise aussi des résidus forestiers. »


L’entreprise dispose d’un système d’appoint au gaz naturel.


« On a besoin d’introduire du gaz carbonique dans les serres pour nourrir les plantes, explique Pascal. Au lieu d’acheter du CO2 liquide, on récupère celui produit par la combustion du gaz naturel. »


Les tomates conventionnelles se font en culture hydroponique. L’eau enrichie de nutriments qui n’est pas utilisée par les plants est filtrée, stérilisée puis réutilisée. Dans le cas des tomates biologiques, la culture se fait en sol comme l’exige le cahier de charges. Toutefois, les plants se trouvent dans des bacs plutôt qu’en plein sol.


« L’avantage des bacs, c’est que si le terreau vient à s’épuiser, on peut le remplacer, ce qu’on ne pourrait pas faire en plein sol, note Stéphan. »


À la différence des complexes érigés antérieurement, celui de 2022 dispose d’un éclairage artificiel. Les deux frères ont opté pour des lampes de type HPS plutôt que des lampes DEL. « La technologie DEL est plus ou moins au point, estime Stéphan. De plus, le rendement de l’investissement est beaucoup plus long que pour les lampes HPS étant donné que le coût de l’électricité au Québec est relativement bas. On a aussi pris en compte le fait que les lampes HPS dégagent de la chaleur, ce qui est utile en hiver puisqu’on doit chauffer les serres. »

Avec une superficie totale de neuf hectares, Stéphan et Pascal croient que leur entreprise a atteint la taille qui permet de mettre pleinement à profit les nouvelles technologies. Pour autant, ils n’excluent pas la possibilité de continuer à prendre de l’expansion.

« C’est dans l’ADN de l’entreprise », lance Stéphan. Pour ce faire, les deux frères sont bien épaulés par les spécialistes référés par RBC.

« L’agriculture est un secteur à forte intensité de capital, surtout maintenant que la nouvelle génération de producteurs comme Pascal et Stephan intègrent plus de technologies à leurs opérations afin d’améliorer les rendements et d’effectuer une transition vers la carboneutralité, rapporte Mme Côté. Lorsque la Banque les a rencontrés pour la première fois, ils avaient de grands rêves mais leurs ambitions étaient bien appuyées par une analyse pratique et une réflexion soigneuse. »

Une employée mesure ici le taux de croissance des plants à leur sommet. Rien n’est laissé au hasard dans la culture des tomates miniatures.


Les deux frères gardent à l’œil les développements technologiques, en particulier ceux touchant à la robotisation et à l’intelligence artificielle. Pascal donne en exemple les robots de récolte : « Les robots sont encore moins rapides que les humains pour cette tâche, observe-t-il. La tomate est quand même un fruit délicat. Mais les choses progressent. »


« Du côté agronomique, il y a aussi beaucoup de progrès qui s’en vient, enchaîne Stéphan. Par exemple, des robots capables d’identifier les insectes ou les carences nutritionnelles. »


Si la taille de l’entreprise et ses outils technologiques paraissent appelés à évoluer, la priorité de ces producteurs, elle, ne changera pas. « Le plus important, c’est de maximiser les kilos de tomates récoltés par mètre carré de surface, déclare ce dernier. Et c’est de maintenir une qualité de produit élevée. »