Revoir de fond en comble la stratégie d’assainissement agricole

Publié: 8 mai 2000

Québec, le 3 mai 2000 – Dans son rapport remis au ministre de l’Environnement, M. Paul Bégin, la Commission sur la gestion de l’eau au Québec « recommande que le ministère de l’Environnement, en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation ainsi que les autres ministères et organismes concernés, procède à une révision majeure du programme d’assainissement agricole afin de s’assurer d’une intégration des objectifs de production agricole et des objectifs de protection de l’environnement ».

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Les phénomènes de pollution diffuse en agriculture risquent d’annuler les acquis de l’assainissement urbain et de l’assainissement industriel dans les principaux cours d’eau du Québec.


Jusqu’à présent, l’essentiel de l’assainissement agricole a consisté en la mise en place d’équipements d’entreposage des fumiers. Ces équipements permettent thématiquement de prévenir la pollution ponctuelle.

Or, il appert que la pollution la plus redoutable à long terme soit la pollution diffuse, celle qui est engendrée par les pratiques culturales actuelles, par l’utilisation des engrais minéraux et des pesticides, par la surfertilisation par les fumiers, par les drainages agricoles intensifs et les interventions agressives sur les cours d’eau. Cette pollution encore mal connue et mal évaluée, est une menace considérable pour la qualité de l’eau de surface et de l’eau souterraine. On parle ici de phénomènes à long terme, lents à se manifester, difficiles à juguler et très coûteux à corriger.

Les phénomènes de pollution diffuse risquent d’annuler les acquis de l’assainissement urbain et de l’assainissement industriel dans les principaux cours d’eau du Québec.

La Commission est d’avis que c’est toute la stratégie relative au milieu agricole qu’il faut repenser. L’approche éducative toujours nécessaire est insuffisante en elle-même. Une approche purement coercitive n’a pas non plus de chance de succès à cause, entre autres, du grand nombre de producteurs agricoles et « du pouvoir politique très considérable du milieu agricole dans le système politique qui est le nôtre ». La Commission estime que l’approche gouvernementale actuelle est contradictoire, car elle demande au milieu agricole d’accroître sa productivité et de doubler ses exportations et d’atteindre en même temps des standards environnementaux élevés.

Selon la Commission, il faut réviser l’approche actuelle en intégrant les objectifs environnementaux aux objectifs de production et en établissant la règle de la « conditionnalité » des subventions : une subvention ne peut être accordée que si les objectifs environnementaux sont atteints. La Commission recommande aussi un appui accru au milieu agricole pour contrer la pollution ponctuelle et diffuse et pour mettre en place une concertation beaucoup plus étroite entre les ministères de l’Environnement, de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation et les autres organismes concernés. Cela est indispensable pour parvenir à une agriculture durable.

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE)

http://www.bape.gouv.qc.ca/