Nos conditions de récoltes sont extrêmes cette année. Notre ancien propriétaire nous racontait qu’il avait connu l’époque du début du maïs dans notre secteur. Il n’y avait qu’une seule variété potable dans notre région. C’était l’époque du Pride # 5. Disons que potable était un bien grand mot. Il leur arrivait souvent de devoir récolter très tard à l’automne et de se faire prendre les culottes à terre de temps à autre. Ils étaient parfois obligé de laisser les rangs sur le coté des fossés tellement il y avait de neige. Moi, j’ai plutôt connue l’époque Paul V! Transporter du maïs au grand froid en convertible avec deux grosses voitures de 5 tm attachées l’une derrière l’autre. Habillé comme un cosmonaute, gelé comme une crotte et obligé de se réchauffer les mains sur l’échappement. Aujourd’hui, on bénéficie de l’évolution du développement d’hybrides performants et adaptés à toutes nos régions au Québec. Chez nous on a toujours réussi à produire du maïs répondant aux critères de qualité recherchés par nos clients et j’étais assez satisfait de nos performances sans faille depuis 1994.
À lire aussi

Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Cette année, c’est un échec total. Je me sens comme si j’avais été pesé, mesuré et jugé insuffisant! J’avais pourtant mes bons hybrides avec de bonnes statistiques chez nous, mais le semis tardif combiné au gel automnal hâtif a fait ses ravages. Notre maïs ne fait tout simplement pas le poids. Voilà. En plus de travailler de nuit, de dégeler nos vis et nos silos, on se retrouve avec du grain qui paraît bien, belle couleur, pas de grain cassé, mais pas de poids. Normalement on parvient à améliorer la situation de un à deux points de poids spécifique en travaillant avec la température de nos feux de séchage. Cette année, rien pantoute. Ça entre en « schnoutte » et ça ressort en « schnoutte! »
On va passer au travers avec quelques égratignures, mais je me dis que dans quelques années on pourra, à notre tour, raconter aux plus jeunes qu’on était là en 2019. Qu’on a récolté dans la neige à -10 °C et -19 °C. Que le grain prenait en bloc dans les silos, qu’on a brisé des vis, des fans, des passes et que le diable était aux vaches! On était là en 2019. On a encore appris et dans quelques mois on sera tous emballés de repartir une nouvelle saison. ON est fait de même! Profession : agriculteur.