Ottawa (Ontario), 17 février 2005 – Agriculture et Agroalimentaire Canada, de concert avec les gouvernements provinciaux et Statistique Canada, a établi ses prévisions du revenu agricole pour 2004 et 2005.
Les prévisions du revenu agricole résultent d’un consensus fédéral-provincial sur des estimations ponctuelles. Les résultas réels du revenu agricole peuvent différer des prévisions pour un certain nombre de raisons. L’écart entre la prévision de 2005 et le résultat réel pourrait être particulièrement important en raison de l’incertitude beaucoup plus grande sur les marchés internationaux des bovins et des porcs, ainsi que le risque de fluctuations prononcées du dollar canadien telles qu’observées au cours des deux dernières années.
Les prévisions du revenu agricole sont préparées selon l’information disponible à la fin du mois de janvier. Elles reposent sur un nombre d’hypothèses dont les plus importantes sont:
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Après que cet exercice de prévisions ait été achevé, le USDA a annoncé qu’il y aurait report du rétablissement du commerce du boeuf provenant d’animaux de plus de 30 mois mais que les exportations canadiennes de bovins de moins de 30 mois reprendraient le 7 mars 2005. À ce moment-ci, la longueur du délai n’a pas été précisée. Cette nouvelle situation entraînera, en 2005, une reprise plus lente que prévue du prix des vaches de reformes ainsi que des secteurs laitier et du boeuf. Par ailleurs, les relations de travail se détériorent au sein d’une importante entreprise canadienne de transformation du boeuf. On ne peut pas encore prévoir la façon dont la situation évoluera, mais un arrêt de travail de longue durée pourrait nuire à la reprise économique du secteur du boeuf, qui était prévue pour 2005.
Les prévisions du revenu agricole sont le résultat de l’ensemble des postes de recettes de produits agricoles et de dépenses et, de ce fait, ont tendance à masquer les prévisions d’un poste en particulier. Par exemple, en 2005, on s’attend à ce que les recettes totales tirées de la vente de bétail augmentent considérablement en raison d’une meilleure performance du secteur bovin, ce qui masque la baisse prévue des recettes tirées du secteur porcin. De la même façon, il faut souligner que le revenu des exploitations agricoles peut varier énormément selon les produits, les conditions climatiques du milieu, le mode de gestion et selon beaucoup d’autres facteurs.
Prévisions du revenu agricole de 2004
Revenu agricole
On prévoit que le revenu net comptant (RNC) au Canada augmente de 37 p. 100 en 2004 et se situe à un niveau près de la moyenne enregistrée de 1999 à 2003. Cette importante amélioration du revenu agricole s’explique principalement par l’augmentation des mises en marché de céréales et d’oléagineux, la remontée appréciable des prix du porc en Amérique du Nord et les montants records versés au titre des programmes.
Les provinces des Prairies et le Québec devraient connaître l’amélioration la plus marquée du RNC de 2004, tandis que l’Île-du-Prince-Édouard et l’Ontario devraient connaître une baisse de leur revenu agricole.
Il est prévu que le revenu net réalisé (RNR), qui tient compte de la dépréciation, augmente de -28 millions de dollars de 2003 à 2004 pour atteindre 1,6 milliards de dollars à l’échelle du Canada, mais on s’attend à ce qu’il soit encore une fois négatif dans l’Île-du-Prince-Édouard, en Ontario et en Saskatchewan. On s’attend à ce que le revenu total net (RTN), qui prend en compte les fluctuations des inventaires de produits agricoles, augmente de 15 p. 100 au cours de la période de 2004.
La devise canadienne a poursuivi son raffermissement en 2004 et a maintenu un taux de change annuel moyen de 0,769 $US comparativement à un taux de 0,714 $US en 2003. Puisque les prix d’un grand nombre de produits agricoles sont déterminés sur les marchés américains et exprimés en dollars US, la force du dollar canadien a exercé une pression à la baisse considérable sur les prix des produits de base exprimés en dollars canadiens.
Recettes des cultures
Il est prévu que les recettes tirées des cultures augmentent de 10 p. 100 en 2004 surtout en raison de la hausse des recettes provenant de la vente des céréales et des oléagineux et de la forte croissance soutenue dans le secteur de la floriculture et des pépinières.
On s’attend à ce que les recettes tirées des céréales et des oléagineux augmentent considérablement en 2004, car les volumes mis en marché ont été beaucoup plus élevés en Saskatchewan et en Alberta, maintenant que ces provinces se sont remises des années de sécheresse successives. L’augmentation de la production à l’échelle de l’Amérique du Nord, le raffermissement de la valeur du dollar canadien et une diminution de la qualité attribuable à un gel hâtif, ont provoqué une chute des prix des grains et des oléagineux qui a été partiellement neutralisé par le volume plus élevé des mises en marché.
Les recettes provenant de la floriculture et des pépinières continueront probablement de croître à un rythme élevé, grâce à la forte demande du secteur de la construction domiciliaire.
Recettes du bétail
Les recettes tirées du bétail devraient augmenter de 6 p. 100 en 2004, tout en demeurant inférieures aux niveaux d’avant la crise de l’ESB. On s’attend à un léger déclin des recettes tirées de la vente de bovins et de veaux en 2004, l’augmentation considérable du volume d’animaux abattus au Canada n’ayant pas entièrement compensé pour la baisse des prix causée par l’ESB. Toutefois, ce volume a augmenté considérablement au cours du deuxième semestre de 2004 lorsque la capacité de transformation s’est accrue et que les prix des bovins ont augmenté après la mise en oeuvre du programme fédéral de retrait des bouvillons d’abattage.
Malgré l’augmentation de la valeur du dollar canadien, il devrait y avoir une hausse de plus de 25 p. 100 des recettes provenant du secteur porcin, en raison de la forte hausse des prix du porc en Amérique du Nord. On s’attend à une augmentation du volume d’abattage au pays et des exportations de porcs vivants en 2004 découlant de la forte demande de porc aux É.-U.
On prévoit une augmentation des recettes des produits sous gestion de l’offre attribuable à la hausse des prix des produits laitiers et de la volaille. L’influenza aviaire a eu une incidence négative sur les secteurs liés à la volaille, mais en dépit de la baisse draconienne de la production en Colombie-Britannique, la production dans l’ensemble du Canada indique une augmentation marginale.
Paiements des programmes
Les paiements directs des programmes directs devraient augmenter légèrement en 2004 et atteindre un nouveau record de 4,9 milliards de dollars. Des paiements substantiels ont été versés en vertu des programmes fédéraux et provinciaux, en réponse aux difficultés dans l’industrie bovine, notamment par le biais du Programme canadien de stabilisation du revenu agricole (PCSRA) et des programmes d’aide relatif à l’ESB.
Dépenses
Les dépenses d’exploitation devraient augmenter de 2 p. 100 en 2004 malgré la valeur élevée du dollar canadien. Le coût des intrants des grandes cultures a augmenté surtout au niveau du carburant pour la machinerie, des engrais et de la main-d’oeuvre. Le prix élevé du carburant pour la machinerie reflète le prix élevé du pétrole brut qui a atteint plus de 50 $US le baril à la fin de 2004 lorsque les marchés ont réagi aux préoccupations au sujet d’un approvisionnement raréfié du pétrole et à l’attente que la demande mondiale soit à la hausse. Les prix des engrais a considérablement augmenté en 2004 en raison des faibles stocks internationaux et de l’accroissement de la demande mondiale de fertilisants. Les dépenses au titre de la main-d’oeuvre agricole devraient augmenter, principalement à cause de la hausse du coût de la main-d’oeuvre.
Par contre, le volume considérable d’aliments pour animaux en inventaire et la vigueur du dollar canadien entraînera une baisse des prix des aliments pour animaux. On prévoit une diminution au niveau des achats d’animaux en raison de la fermeture des marchés d’exportation de bovins vivants déclenchée par la découverte de l’ESB. On prévoit aussi une baisse des primes d’assurance-récolte en 2004.
Prévisions du revenu agricole de 2005
Revenu agricole
En 2005, on s’attend à ce que le revenu net comptant (RNC) baisse de 8 p. 100, car la forte augmentation des recettes tirées des productions animales sera plus que contrebalancée par la baisse des recettes tirées des productions végétales et des paiements de programmes à mesure que les programmes d’aide relatif à l’ESB prendront progressivement fin.
À l’échelle des provinces, on prévoit l’amélioration du revenu la plus marquée en Alberta, à mesure que la grande industrie bovine de cette province se remet de l’ESB, tandis qu’on prévoit une chute marquée du RNC au Québec, en Ontario, en Saskatchewan et au Manitoba attribuable à la faiblesse des prix des céréales et des oléagineux. Après la comptabilisation de la dépréciation, on prévoit que le RNR sera négatif à l’Île-du-Prince-Édouard, en Ontario, au Manitoba et en Saskatchewan.
Recettes des cultures
On s’attend à ce que les recettes tirées des cultures chutent de 6 p. 100 en 2005 et que ce recul soit plus important dans les provinces des Prairies, vu la faiblesse continue des marchés des céréales et des oléagineux et la pauvre qualité de ces produits.
La production record de maïs et de soja aux É.-U. en 2005 résultera probablement en un accroissement de l’offre et d’importants inventaires de fin de campagne. Conjugué à la remontée continue du dollar canadien, ces importants inventaires de céréales et d’oléagineux feront fléchir les prix des céréales et des oléagineux, les oléagineux étant ceux qui seront le plus durement touchés.
On s’attend à ce que les recettes provenant de l’horticulture augmentent en 2005. L’augmentation des recettes provenant de fruits et légumes devrait être relativement petite alors que les recettes provenant de la floriculture et des pépinières devraient croître à un rythme élevé.
Recettes du bétail
On s’attend à ce que les recettes tirées du bétail augmentent de près de 12 p. 100 en 2005, la majeure partie de cette augmentation se produisant dans les provinces des Prairies.
En réaction à la réouverture de la frontière des É.-U., prévue pour le 7 mars 2005, les recettes tirées des productions de bovins et de veaux devrait connaître une augmentation de l’ordre d’environ 40 p. 100, suite au rebondissement considérable prévu au niveau des prix et du nombre d’animaux abattus. Même si les bovins vivants auront dorénavant accès au marché des É.-U., on s’attend à ce que le volume des exportations d’animaux vivants soit limité dans le premier trimestre de 2005, période au cours de laquelle l’industrie s’adaptera aux nouvelles règles et procédures. Par conséquent, le volume total des exportations de l’année sera probablement élevé, bien que considérablement moins élevé qu’en 2002, avant la découverte de l’ESB.
On prévoit que les recettes provenant du secteur porcin diminuent de 13 p. 100 en 2005. Cette baisse est due à la faiblesse des marchés du porc en Amérique du Nord ainsi qu’au droit antidumping imposé sur les exportations de porcs vivants vers les É.-U. Aux fins de ces prévisions, on suppose que le droit antidumping demeurera en vigueur pour le reste de l’année civile.
Les recettes monétaires agricoles provenant des produits de la gestion de l’offre devrait connaître une croissance modérée en 2005, en raison de la hausse du prix du lait et de l’augmentation du nombre de poulets mis en marché.
Paiements au titre des programmes
Les paiements directs des programmes directs devraient chuter de 19 p. 100 en 2005, mais devraient tout de même représenter le troisième montant le plus élevé jamais enregistré.
Une importante augmentation des paiements au titre du PCSRA est prévue pour l’année civile 2005, en réponse aux grandes difficultés financières qu’ont connues les éleveurs de bovins en 2004. Les retraits totaux provenant du CSRN devraient être à la baisse en raison de la fermeture progressive des comptes CSRN. Les programmes spéciaux d’aide à l’industrie dans le sillage de l’ESB se termineront progressivement lorsque la frontière s’ouvrira de nouveau aux bovins vivants.
Dépenses
Les dépenses d’exploitation devraient augmenter de 2 p. 100 en 2005 principalement à cause du prix élevé des engrais, de la montée des coûts d’intérêt, et de l’augmentation des achats d’animaux vivants. La hausse des prix des engrais reflète la demande soutenue pour les engrais et les prix relativement élevés du gaz naturel. On s’attend à ce que les dépenses au titre des intérêts augmentent en raison du plus grand nombre de prêts agricoles à rembourser et des taux d’intérêt plus élevés. Après la réouverture de la frontière américaine au commerce de bovins vivants, les prix des gros bovins et des veaux devraient grimper en flèche, ce qui aura pour effet de faire monter les coûts du bétail acheté par les éleveurs. Par contre, les prix des aliments pour animaux devraient continuer de baisser en raison de l’offre relativement importante des aliments pour le bétail.
Notes
Pour plus d’information
http://www.agr.gc.ca/spb/rad-dra/publications/frcstprev/forcst04_f.php
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Statistiques Canada
http://www.statcan.ca/