J’ai deux idées de texte en tête ce matin. Comment être stratégique avec un tel comportement du prix des grains et un autre sur le danger de jouer à la roulette russe. Je change ma rotation pour profiter de la bulle spéculative à court terme ou je focus sur le long terme? J’ai décidé d’y aller sur le long terme. Tant qu’à y être, parlons santé. Ma santé, notre santé.
Je me demande encore pourquoi j’ai tant hésité à porter des équipements de protection quand j’utilisais des pesticides. Peut-être à cause de mon éducation qui suggérait que seulement les « feluettes » (expression de mon papa en 1972) portaient des gants pour faire les foins ou se mettaient un masque pour éviter d’avaler de la poussière de grain ou de foin. Je ne sais pas si l’asthme fut reconnu comme maladie professionnelle de notre profession, mais j’ai souvenir de certains agriculteurs qui se sont ramasser avec des problèmes aux poumons. Personne ne s’est levé pour bannir la poussière ou encore pour éloigner les champs des maisons résidentielles.
Maintenant, certaines maladies provoquées par l’utilisation des pesticides sont reconnues comme maladie professionnelle. J’ai l’impression que ça donne des arguments additionnels au lobby anti-pesticides. C’est malheureux de constater que certains de nos confrères ont eu la malchance d’attraper certaines maladies reliées à l’utilisation des pesticides. Je me demande s’ils ont fait comme moi ou comme tant d’autres : banaliser les avertissements d’utilisation et les directives sur les EPI recommandés sur les étiquettes. Quarante ans d’agriculture dans le corps et seulement cinq ans de protection complète dans mon cas. Encore aujourd’hui je regarde autour de moi et j’estime qu’à peine 25% des agriculteurs se protègent de façon adéquate. Pourquoi? Parce qu’il n’y a rien là, parce qu’on a peur d’énerver la population qui nous voit habillés en extraterrestre, parce qu’on n’a pas connu de gens malades autour de nous, etc.
À lire aussi

Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Il n’est jamais trop tard pour travailler de façon professionnelle avec les produits de phytoprotection. C’est quand même une lame à double tranchant : pas de protection je suis inconscient et si je me protège on me pointe du doigt en disant «coup donc, regarde comment il se protège lui. C’est sûrement dangereux pour moi ». Euh, excusez-moi! Avoir le nez dans la cuve 12 heures par jour est un peu différent que de regarder circuler le pulvérisateur. Je suis donc passé par-dessus les préjugés et la mauvaise image que ça peut donner. Je me protège. Pas parce que les produits sont plus dangereux, mais surtout parce que je ne sais pas comment mon corps peut décider de réagir avec l’accumulation du temps. Si je me protège de façon adéquate j’élimine le maximum de risque. Alors, pourquoi pas.
Je continue notre approche d’utiliser les produits de façon raisonnée, je porte attention aux indices de risque, aux combinaisons, aux gants jetables et aux masques avec les bonnes cartouches, tout en privilégiant une bonne procédure de travail. Inutile de jouer à la roulette russe, surtout si je sais que la balle est dans mon camp.




