J’ai eu le privilège d’une belle rencontre avec une journaliste il y a une dizaine de jours. C’était prévu un peu avant, mais Dame météo n’était pas favorable. On a fini par trouver la journée parfaite. Chaud et beau soleil. Après les présentations d’usage, on se dirige sur le terrain et on discute ensemble de différents sujets bien au-delà du sujet visé. On avait prévu deux heures au total et le temps est précieux. Gertrude était déjà prête au bout du champ et m’attendait avec impatience.
Quand je sens que les gens sont intéressés et intéressants, ceux qui me connaissent un peu savent que j’ai plutôt tendance à élargir le sujet… Creuse ici et ailleurs sur un autre champ. On observe les bandes riveraines, les nichoirs et on se sent porté par les champs qui sont d’une verdeur à couper le souffle. Nos vers de terre semblent timides aujourd’hui (j’imagine qu’ils craignent le photographe), mais on observe leur relève en abondance et surtout les effets de leur travail.
Pas déjà midi! Avez-vous le temps de venir constater notre champ de maïs « vert » avec réduction d’azote sur un retour de couvert végétal? Pas de problème, en autant qu’on soit sortis pour 13h! On se déplace, on constate et on jase. Déjà 13h15, ils sont sur leur départ. On se sert la pince et on se donne rendez-vous s’il y a des questions additionnelles. Je passe en trombe ramasser ma boîte à lunch et je vais retrouver Gertrude pour finir ma journée de soya.
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Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Et voilà, surprise, dimanche matin je vois l’article en première page de La Presse. Wow! Beaucoup de détails techniques qui donnent une meilleure idée de comment l’agriculture peut faire partie de la solution face aux changements climatiques. Imaginons simplement la quantité de carbone que l’agriculture pourrait capter si on réussissait à augmenter notre matière organique de 1%. Sur environ un million d’hectares. Tout un levier que seul un spécialiste pourrait nous confirmer. Sans compter les bienfaits sur la santé du sol et des rendements qui viennent avec. C’est assurément énorme comme bénéfice.
Un sentiment de fierté m’envahit. Pas seulement une fierté personnelle, mais bien une fierté par rapport à tous les agriculteurs que je connais qui ont ce genre d’approche adaptée à leurs propres réalités sur leur ferme. Je dis toujours qu’il y a une vague de fond de changement dans nos champs. Non pas que ce n’était pas bien avant. C’est seulement qu’il faut maintenant se préparer et s’adapter au futur. Cultiver l’avenir maintenant. On peut craindre les changements climatiques ou on s’adapte tout en capitalisant sur les opportunités que ça nous apporte.
Vous vous rappelez le ballon chasseur? Avez-vous déjà vu quelqu’un gagner sans jamais prendre le ballon en se sauvant un peu partout sur le terrain? Tu finis par devenir une cible, alors que si on prend le ballon et qu’on le relance, on reprend le contrôle de notre destinée. Si on revient à l’agriculture, prendre le ballon, ça nous ouvre une foule de possibilités additionnelles. Des saisons plus longues, plus d’espaces temps pour réussir de meilleurs couverts dans un système de culture équilibré qui nous permet d’utiliser moins de ressources reliées au pétrole tout en augmentant nos pourcentages de matières organiques. C’est ce que j’appelle l’agriculture du futur. Donc ça aura valu la peine que je prenne le ballon, le temps de discuter et d’échanger pour avoir la possibilité de partager le bon travail que plusieurs d’entre nous réalisons quotidiennement dans nos champs. Ça me rend fier! Profession agriculteur
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