Inondation dans les champs: quoi faire selon les cultures

Publié: il y a 9 heures

Avaloirs inondés en juillet 2023.

La météo n’a pas été tendre avec les cultures qui ont été arrosées de manière très, et même trop généreuse par endroit. Les coups d’eau ont donné lieu à des inondations et de la verse, selon les endroits et les champs.

Le Réseau d’avertissement phytosanitaire (RAP) a décidé de se pencher sur le problème dans son dernier bilan hebdomadaire des grandes cultures en évaluant les risques et gestes à poser pour chacune d’entre elles. Les agronomes indiquent que l’intensité des dommages dépend de la culture, de son stade de croissance, de la durée de l’inondation et des conditions météorologiques suivant l’inondation. Dans l’ordre, le soya, le maïs, les céréales vont des moins aux plus affectées, les haricots terminant la marche avec un haut niveau de fragilité face à ce genre de condition. Trois conseils sont donnés pour évaluer la situation et faire le suivi

  • Pour les céréales ou le foin, avant la récolte : vérifier la germination, la croissance fongique ou les mycotoxines.
  • Attendre deux à trois semaines après l’inondation pour voir les signes de reprise de la culture;
  • Dépister régulièrement pour les maladies fongiques, les pourritures racinaires et autres désordres physiologiques;

Maïs

Champs de maïs avec zones inondées, 9 juillet 2025. Photo : S. Proteau, agr. (NovAgri Services-Conseils)

Le maïs, après le stade V6, peut rester jusqu’à huit jours les pieds dans l’eau. Sa croissance pourrait être retardée, et l’exposer davantage aux maladies. Comme le stade de la fermeture des rangs est atteint dans plusieurs champs dans presque toutes les régions, le risque est réduit. Le maïs se situe à des stades végétatifs, le rendant moins sujet à des pertes de rendement importantes.

Soya

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Tout comme le maïs, le soya est moins vulnérable puisqu’il se trouve également au stade végétatif, soit en général au stade R2. Des inondations aux stades R3 à R5 pourraient toutefois entrainer des pertes de rendements. Comme le dit le RAP, les sols saturés d’eau limitent l’oxygène disponible pour le soya, ce qui réduit la fixation d’azote et la colonisation mycorhizienne des racines. En conséquence, le contexte peut favoriser des maladies racinaires. Le soya arrive assez facilement à survivre pendant 48 heures dans des conditions inondés, mais après quatre ou cinq jours, des sols saturés en eau peuvent retarder la croissance.

Céréales

La situation risque d’être plus délicate pour les blés, surtout le blé de printemps, encore une fois. Ici, c’est la verse qui peut causer problème. On parle de perte de qualité du grain et de risque de maladie, telle que la fusariose. Pour le blé d’automne, c’est davantage l’aspect récolte et les pertes possible au battage dont il est question.

Champ de blé de printemps versé à Saint-Césaire, Montérégie, 12 juillet 2023. Photo : Y. Faucher, agr. (MAPAQ)

Selon le RAP, « avant la floraison, les tiges versées devraient se redresser. Cependant, une verse importante au début du stade remplissage des grains (stades Z70 et plus) peut compromettre le rendement et affecter la qualité du grain. Une étude a démontré qu’une verse ayant eu lieu dans les 20 premiers jours suivant la floraison diminue le rendement en grain de 7 à 35 %. Cette perte de rendement dépend de la sévérité de la verse; un plant complètement versé à 90 degrés sera donc plus affecté qu’un plant versé à 45 degrés ».

Si on soupçonne un début de maladie, « une application de fongicide à ce stade serait probablement inutile puisque le produit ne parviendrait pas à atteindre l’ensemble de la canopée ainsi que les épis », rappelle les agronomes. 

Il est recommandé de faire la récolte de blé d’automne plus tôt que tard, même si le niveau d’humidité est encore élevé, et de le ramener aux alentours de 13 à 14%. Les couteaux de la batteuse devraient être positionnés plus près du sol pour récupérer les plants rabattus par la verse et les épis immatures, ce qui signifie une vitesse réduite. On ajoute qu’il est probable de voir davantage d’épis rester au champ, mais que l’andainage pourrait permettre de diminuer le niveau de perte lors de la récolte.

Foin

En cas de verse dans les champs de fourragères, on doit évaluer si de la boue et des cailloux s’y trouve, à la suite de pluies torrentielles. Dans ce cas, il sera impossible de réaliser la récolte et le foin devrait être destiné à la litière. Il est important aussi d’attendre d’entrer dans le champ pour éviter la compaction.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.