Journée taxi privé. J’attendais patiemment dans l’auto en écoutant la radio. J’entends vaguement parler de zonage agricole. Mes oreilles se redressent! Je porte attention à la discussion. Voyons, c’est qui ça? On a tous le droit à nos opinions et points de vue, mais le discours me paraît caricatural et sans connaissance approfondie de la réalité par rapport à l’importance de la protection de nos sols.
En fait, je me serais attendu à ce genre de discours au fond d’un bar ou de la part d’un personnage quelconque sur les médias sociaux. Tu te dis : « Et boy boy », il vole haut ce matin! Tu passes à autre chose sans en faire de cas. Mais quand ça vient de personnes bien lucides et qu’on constate les trous dans le raisonnement global, ça m’interpelle.
Si on prend les grandes lignes, ça illustre la vision « silo » qu’on a encore tendance à tenir, et ce, même dans les instances qui devraient être les premières à démontrer le contraire en nous proposant des exemples concrets qui nous permettraient d’agir en globalité.
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Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Prétendre que les 2% de la surface du Québec qui servent à l’agriculture sont suffisants… Qu’en enfouir sous le béton de petites bouchées afin de soulager la crise du logement ne causerait pas de problèmes… Qu’on pourrait laisser la liberté aux agriculteurs qui le veulent bien d’avoir le droit de vendre leur terre pour construire tout en laissant les autres qui veulent rester en opération… C’est n’importe quoi!
On oublie les effets pervers! Le fait d’avoir des zones qui se vendent à un prix résidentiel qui entraînerait automatiquement une hausse du prix des terres. Alors comment les agriculteurs autour pourront compétitionner pour leurs expansions ou nouveaux projets d’installer leurs relèves? À la limite, je trouve ça agressant!
Comment se fait-il que pour régler la problématique du manque de logement, on fabule sur le 2% d’espace agricole autour? Ça ressemble au voisin invasif qui encombre son terrain et qui vient manger quelques pommes sous le pommier bien entretenu du voisin immédiat.
Ils semblent faire des raccourcis en mentionnant que certaines zones agricoles ne sont pas cultivées. Une forêt, c’est de l’agriculture, une zone humide aussi. Il me semble qu’on était tous d’accord lors de la dernière COP15 de garder ou viser d’avoir 30% de zones vertes sur nos territoires afin d’avoir une meilleure résilience face aux changements climatiques.
Je pense que le voisin devrait regarder à l’intérieur de son terrain et mettre plus d’énergie à densifier et récupérer les grands espaces vides qu’on peut apercevoir facilement un peu partout au lieu de reluquer le jardin du voisin qui, en passant, nourrit la population en leur offrant en plus des bénéfices environnementaux de grande valeur.
À l’heure où il se passe des discussions pour « moderniser » la loi sur la protection des terres agricoles, ça me semble une sortie stratégique afin de créer des brèches dans la loi. Ça confirme un certain appétit économique de continuer le paradigme que pour améliorer l’activité économique il faut : bulldozer, bûcher, détruire, aplatir, bétonner, et construire dans notre propre jardin.
Un vrai discours de « promoteux » vendu au béton à tout prix et qui profite de la crise du logement actuel pour essayer de faire de l’argent en avalant le territoire agricole.
Loger des gens, c’est bien, mais il faut les nourrir aussi! Ça c’est notre travail et on le fait très bien! Profession agriculteur.
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