Un accueil mitigé pour la nouvelle politique bioalimentaire

La Politique bioalimentaire sera dotée d’une enveloppe de 1,05 G$ pour les cinq prochaines années

Publié: il y a 2 heures

Un accueil mitigé pour la nouvelle politique bioalimentaire

En préparation depuis deux ans, la nouvelle Politique bioalimentaire du Québec a été présentée le 22 août dernier par André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Appelée Nourrir nos ambitions, la nouvelle politique établit les priorités pour les 10 prochaines années. Trois ont été établies par le gouvernement, soit accroître l’autonomie alimentaire du Québec, développer un secteur prospère et durable et accélérer l’innovation dans le secteur bioalimentaire.

La Politique bioalimentaire sera dotée d’une enveloppe de 1,05 G$ pour les cinq prochaines années. Le gouvernement souhaite générer 25 G$ d’investissements de la part des entreprises agricoles, aquacoles, de pêches et de transformation alimentaire. Il vise également les 15 G$ en exportations bioalimentaires internationales.

Plusieurs cibles ont été présentées quant à ce que le MAPAQ souhaite atteindre au niveau de la prospérité et de la durabilité. Selon les orientations de la politique, la productivité augmenterait de 1 $ de produit intérieur brut réel par heure travaillée, en moyenne annuelle, dans les secteurs de la production agricole et l’offre d’aliments transformés de bonne qualité nutritive serait améliorée de 10 %.

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La protection du territoire agricole passerait par une perte nette de zéro de terres agricoles appartenant aux classes de sol 1 à 4 et de celles classées organiques. Il est également question de réduire de 15% l’intensité des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur et d’accroitre de 20% les superficies biologiques ou faisant l’objet d’une certification axée sur le développement durable.

Le gouvernement a aussi indiqué qu’un secrétaire serait nommé afin de superviser l’atteinte des objectifs de la politique bioalimentaire. Le cadre financier et les décisions quant à la réalisation des objectifs devraient être dévoilés plus tard cette année.

Réactions des groupes agricoles

Les différents groupes agricoles ont salué les objectifs présentés, tout en critiquant le manque de fonds.

À l’UPA, on indique que plusieurs des recommandations du milieu agricole ont été retenues, dont la compétitivité des entreprises et l’adaptation continue aux nouvelles réalités économiques et climatiques. Toutefois, « les conditions gagnantes ne sont pas réunies en matière de financement compte tenu de l’ampleur des défis et des enjeux », a déclaré le président général de l’UPA, Martin Caron.

Martin Caron souligne que le renouvellement de la Politique bioalimentaire du Québec devait en effet paver la voie à un rehaussement significatif des budgets, du soutien, de l’accompagnement, des initiatives et des programmes destinés aux productrices et aux producteurs.

Les manifestations des agriculteurs au printemps 2024 s’étaient déployées dans ce but, rappelle-t-il. Le contexte économique agricole se désagrège depuis les dernières années avec un revenu net québécois qui est passé de 1,2 G$ en 2021 à une prévision déficitaire de 128 M$ pour 2025. Parallèlement, la dette agricole a atteint un sommet de 32 G$ en 2024.

Les Producteurs de grains du Québec (PGQ) ont fait écho aux remarques de l’UPA en rappelant l’urgence d’agir, que ce soit au besoin d’investissement des fermes ou par une politique de rétribution des pratiques agroenvironnementales qui serait financée à la hauteur d’au moins 50 M$ par année. « Le gouvernement affirme vouloir miser sur l’innovation et la durabilité. Nous sommes prêts à contribuer pleinement à ces ambitions, mais il faut que les outils suivent. Les producteurs font face à une rentabilité fragilisée, particulièrement dans les régions périphériques, et à des défis majeurs liés aux coûts, au climat et à la réglementation », a déclaré Sylvain Pion, président des PGQ.

La Fédération de la relève agricole (FRAQ) a aussi salué les objectifs de la Politique bioalimentaire, tout en déplorant le manque de moyens mis à la disposition des agriculteurs, dont la relève ou le niveau d’endettement atteint 29%, a indiqué Leïla Arbour, productrice ovine et 2e vice-présidente de la FRAQ. Cette dernière a aussi enjoint le gouvernement à protéger toutes les terres agricoles, plutôt que de se limiter aux classes 1 à 4, la cible de la nouvelle politique.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.