Je vous raconte l’histoire derrière un projet innovateur par rapport à la gestion de nos cours d’eau. Dans notre secteur, on a une problématique un peu spéciale. Un cours d’eau se creuse par lui-même. C’est un phénomène qu’on appelle : la régression de fond. Ce qui veut dire que plus il passe de l’eau et plus le chenal du milieu se creuse par la vitesse de l’eau. Plus il se creuse, plus il déboule et, par conséquent, plus il s’élargit dans tous les sens.
Résultat: une quantité impressionnante de sédiments qui se retrouvent dans le lac Saint-Pierre. Un site qu’on a marché à maintes reprises depuis une vingtaine d’années à la recherche de solution. Au fil du temps, on a suivi des formations et participé à des comités multidisciplinaires afin d’arriver à des solutions. Ressource de l’UPA, de biologistes, de spécialistes en gestion de l’eau d’hydrogéomorphologues, de gens de l’environnement, etc.
On arrive à mettre en œuvre un projet vitrine de solutions sur 800 mètres linéaires de cours d’eau. On se prépare à exécuter des travaux innovateurs. Un projet « blindé » avec l’accord de tous les intervenants professionnels et règlementaires. Les fonds se débloquent pour l’exécution obligatoirement en 2025. Et voilà que le zonage agricole retarde le projet. Pourquoi? Parce qu’il y aura perte de surface de sol agricole. Bein voyons!
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Ça aura pris 13 jours pour régler le problème de Gertrude. Je me sens comme après un lendemain de veille un peu trop arrosé. Étourdi, tremblement, bouche sèche, en manque d’énergie.
On ne cesse de nous répéter que les largeurs de nos bandes riveraines règlementaires ne causent aucune perte. J’ajoute même que, de mémoire, on n’a pas le droit d’agrandir nos surfaces en culture sur nos terres. Pour ce projet, on nous fait passer par tout le cheminement du processus d’évaluation de la CPTAQ au même titre que si on voulait construire un complexe domiciliaire. Ce sont des travaux agricoles qui s’exécutent sur des terres agricoles dans le but de diminuer les impacts négatifs de la perte de sédiments dans l’environnement. Ça implique des délais inutiles, du travail additionnel pour les personnes-ressources qui organisent le projet. Résultat, le projet s’exécute un peu tard pour avoir le temps de tout planter les plantes prévues, et qui met à risque d’avoir des éboulements au printemps prochain sur le site qui devrait servir de vitrine de vulgarisation.
Résultat : un retard de cinq mois selon les responsables.
C’est ce qui arrive quand les ministères et organisations fonctionnent en silo et ne communiquent pas. On met à risque un :
-Projet pilote d’un cours d’eau à deux niveaux sur 800 mètres.
-Objectif : réduire le phénomène de régression de fond.
-Meilleure stabilité des talus.
-Moins de pertes de sol.
-Moins de sédiments transportés par l’eau vers la rivière Pot au Beurre qui elle se dirige dans le lac Saint-Pierre.
Idée de fond: concéder du terrain maintenant et le cours d’eau devrait avoir une surface de jeu pour 40 ans. Tout le monde est d’accord et voilà que les travaux sont exécutés plus tard que prévu à cause de la lenteur de la CPTAQ. (Bravo) Après on entendra dire que les agriculteurs n’en font pas assez pour la gestion de leurs cours d’eau. Un jour faudra peut-être que les instances se regardent dans le miroir.
Profession agriculteur