Sur de nombreuses fermes en 2025, la teneur en eau du maïs-grain à la récolte dépassait les attentes. Pourtant, malgré le temps chaud et ensoleillé constaté en août et en septembre, plusieurs producteurs s’attendaient à observer une dessiccation plus rapide. L’explication repose sur la combinaison de plusieurs facteurs.
D’abord, les semis tardifs ont placé le maïs en situation de retard physiologique dès le début de la saison. Qu’on ait semé à la mi-mai ou à la fin mai, plusieurs champs n’ont atteint la floraison qu’à la fin juillet, accusant un décalage qui s’est répercuté sur tout le remplissage du grain. À cela s’est ajouté un épisode de sécheresse marqué : dans plusieurs stations météorologiques, moins de 10 mm de pluie sont tombés entre le 18 juillet et le 16 août.

Un tel stress hydrique, aggravé localement par du compactage de sol en début de saison, a probablement ralenti l’accumulation d’amidon. Ainsi, à la mi-septembre, de nombreux champs affichaient encore une ligne d’amidon autour de 50 %, repoussant la période de séchage naturel à un moment de l’année où la photopériode, la température et l’humidité relative deviennent progressivement moins favorables.
Ensuite, il faut rappeler que, tant que le grain est vivant, il continue à transformer les sucres en amidon grâce à des réactions enzymatiques. Ce processus augmente la matière sèche et réduit naturellement la teneur en eau. Lorsque la plante meurt prématurément — en raison d’un gel ou d’un stress hydrique extrême — l’activité biologique s’arrête rapidement. L’eau restante doit alors s’évacuer uniquement par dessiccation naturelle, un mécanisme moins efficace pour réduire la teneur en eau.
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Ainsi, un grain qui aurait atteint le stade de 30 % de lait au moment du gel peut contenir jusqu’à 40% d’eau, alors que celui qui aurait atteint sa maturité physiologique (apparition du point noir) contiendrait entre 33 et 35% d’eau. Évidemment, on devra attendre plus longtemps pour récolter le grain qui contient 40% d’eau.

Enfin, le choix des hybrides a pu jouer un rôle. Après plusieurs automnes cléments (2020–2024), le marché pourrait avoir favorisé des hybrides à maturité physiologique plus tardive, mais dotés d’une vitesse de séchage exceptionnellement rapide une fois cette maturité atteinte.
Ce profil fonctionne très bien lors d’années chaudes et longues, mais devient pénalisant lorsque la saison se raccourcit ou que le premier gel — comme celui survenu le 20 septembre dans le Centre-du-Québec— survient avant l’atteinte de la maturité physiologique.
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