Apprentissages avec le robot à lisier 360 Rain

Sam Lépine se dit très heureux des rendements obtenus avec l’utilisation du robot

Publié: il y a 10 heures

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Famille Lépine avec le robot 360 Rain

À la Ferme Olivier Lépine, le premier été de tests avec le robot à lisier 360 Rain commercialisé au Québec par Saturn Agriculture a été tellement concluant, qu’un 2e et un 3e robot y seront en fonction au printemps 2026. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a que des avantages avec ce robot. Bilan de la première année.

La Ferme Olivier Lépine de Saint-Alexis, dans Lanaudière, fait partie de deux fermes en tests au Québec avec ce robot à l’été 2025. L’équipement développé aux États-Unis a été conçu il y a cinq ans, mais sur le marché depuis seulement trois ans. Il y en a 300 en fonction à travers le monde, principalement aux États-Unis.

Sam, Jeff et Olivier Lépine sont à la fois producteurs de porcs conventionnels et de grandes cultures biologiques. « On est extrêmement chanceux de jumeler la production porcine et les grandes cultures », a dit Sam Lépine lors d’un webinaire organisé par Saturn Agriculture. En régie biologique, les apports en engrais, spécialement en azote sont limitants d’où l’intérêt pour le lisier de porcs.

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Photo par Catherine Pelletier, Gérard Maheu inc., Montérégie-Ouest

2025 : une année de rendements variables

Si les rendements sont bons en général dans l’Ouest du pays en 2025, ils ont subi une baisse drastique au Québec pour le maïs et le soya, d’après les dernières données de Statistique Canada.

C’est par les réseaux sociaux que Sam a découvert le 360 Rain. Il a contacté le promoteur au Québec, Guillaume Peeters.

C’est en voyant les aspects qui s’annonçaient bénéfiques pour l’entrepris que la famille a décidé de faire partie du projet pilote, malgré le coût de 525 000$, incluant le robot et les pompes, mais pas la tuyauterie sous terre.

Ce qui les motivait, c’est la possibilité d’éviter les conditions humides en début de printemps pour l’épandage du lisier, la diminution des pertes d’azote, le fractionnement de l’azote, la possibilité d’irriguer les cultures, l’augmentation des rendements et bien sûr, l’argent.

« Au final, notre objectif, c’est plus de rendement et plus d’argent dans nos poches. On a beau être des producteurs passionnés, mais l’argent reste très important », a expliqué Sam Lépine.

Le robot se déplace dans les champs selon un parcours préprogrammé. Il est doté d’un tuyau de 3000 pieds qui s’enroule et se déroule pour déposer le lisier dilué avec de l’eau à la base des plants. Il couvre environ 40 acres (16 ha) par jour.

L’eau entreposé dans une ancienne fosse à lisier et le lisier sont mélangés. Ce mélange est dirigé vers le champ à fertiliser et/ou irriguer par un réseau de tuyaux souterrains. Le tuyau du robot se branche à ce tuyau par l’entremise d’une sortie dans le champ.

Bilan à la Ferme Lépine

La Ferme Olivier Lépine a 650 hectares en cultures bio, 4 porcheries permettant d’engraisser 17 000 porcs par an et un centre de grains de 18 000 tonnes. La zone à l’essai avec le robot en 2025 était de 110 hectares cultivés en maïs et en soya. La ferme cultive aussi du blé d’automne où elle a fait un essai.

Robot 360 Rain
L’essai du robot 360 Rain a donné de bonnes performances avec le lisier de porc à l’été 2025 à la Ferme Olivier Lépine de Lanaudière. photo: Saturn agriculture

Cinq passages ont été faits dans le maïs, dont trois à quatre passages pour fertiliser, selon la parcelle d’essai, et un ou deux passages pour applique de l’eau. Le soya a eu cinq passages, principalement avec de l’eau. « Et on s’est amusé un peu à mettre du lisier dans le soya, pas au début, mais un peu plus tard quand le soya était en fleurs. On était curieux de voir ce que ça pouvait donner », dit Sam Lépine. Au total, ils ont appliqué 45 mm d’eau durant la saison sur les cultures à l’essai.

Avec le robot, la ferme a produit 4 tonnes à l’hectare de soya biologique, contre 3,2 pour le soya non arrosé. Le lisier a eu peu d’impact dans le soya.

Le maïs a été ressemé le 3 juin en raison de la météo désastreuse du printemps. Les champs ayant reçu le lisier par « dragline » comme par le passé a donné une performance de 9 tonnes à l’hectare. Celui ayant débuté la saison par « dragline », mais avec deux passages avec le 360 Rain a donné 10,5 tonnes à l’hectare. Finalement, le maïs ayant été fertilisé et irrigué tout l’été avec le 360 Rain a donné 11,3 tonnes à l’hectare. Sam Lépine se dit très heureux des rendements obtenus avec l’utilisation du robot.

Des pours et des contres

« Les problèmes qu’on a eus ont été très très minimes. On ne veut pas faire peur à personnes », a dit d’entrée de jeu Sam Lépine sur ce volet.

Certains ajustements ont dû être faits pour assurer le fonctionnement, comme celui des pompes pour les doses plus faibles appliquées au Québec, comparativement aux États-Unis. D’autres ajustements ont été faits comme le branchement de la pompe à eau a dû être inversé, un capteur GPS a dû être changé.

Sam avait installé un Harvest Lab de John Deere sur son robot afin de mesurer la valeur agronomique du lisier. Cet équipement ne fait pas partie du robot, mais a été apprécié même s’il a fallu corriger une fuite sur un tuyau pour le lecteur du Harvest Lab.

Le retour sur l’investissement avait été calculé dans le plan d’affaires par une diminution de main-d’œuvre pour l’épandage de semis, de meilleures conditions de semis et une augmentation des rendements. Une meilleure irrigation faisait partie des atouts qui allaient apporter un meilleur rendement. Même sans l’utiliser dans le blé, l’équipement a fait ses paiements et même un peu plus.

« On a effectivement vu un retour sur l’investissement cette année, sans ça, on n’aurait pas installé un robot 2 et 3 pour 2026 », dit Sam Lépine.

Le robot dans le laitier

L’autre ferme à l’essai, la Ferme Lansi, a démontré que le robot ne se comporte pas de la même façon avec le fumier de vaches laitières qu’avec le lisier de porc. Guillaume Peeters explique que le fumier de vaches est plus dense et contient plus de fibres.

Des ajustements seront réalisés pour le printemps prochain.

Une troisième ferme faisant de la séparation du lisier de vache utilisera elle aussi un robot. Le lisier de vaches débarrassé d’une grande partie des fibres promet de mieux se comporter dans le robot.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.