Les entreprises de tous les secteurs relèvent de nombreux défis liés à leur rentabilité. Le secteur agricole n’y échappe pas. Afin de déterminer des stratégies adaptées à leur réalité, les entreprises peuvent, entre autres, effectuer une comparaison de leurs performances économiques avec celles des meilleures de leur industrie. Un regard objectif qui pourrait rapporter gros!
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Suivant la réalisation de l’étude sur les coûts de production dans les grandes cultures de l’année 2014, un groupe de 18 entreprises spécialisées réalisant les marges[i] les plus élevées dans la production de maïs-grain au Québec (groupe de tête) ont été identifiées. Pour cette analyse, chaque entreprise dispose d’un même poids statistique, et ce, peu importe sa taille.
Le groupe de tête se démarque ainsi du reste de la population en présentant une marge moyenne de 619 $/hectare. Comment se traduit une performance économique aussi intéressante? Les tableaux suivants permettent de comparer les résultats des 18 entreprises du groupe de tête ($/hectare et $/tonne) aux résultats de l’étude sur les coûts de production 2014.
Voici une analyse sommaire des résultats présentés.
Taille : les entreprises du groupe de tête sont de plus grande taille (422 ha versus 364 ha en grandes cultures). Cette particularité leur permet, entre autres, de répartir leurs charges fixes sur un plus grand nombre d’unités;
Ventes de maïs : elles obtiennent également de meilleurs rendements (10,3 t/ha versus 9,46 t/ha) et un prix légèrement plus élevé (209 $/t versus 205 $/t);
Intrants cultures : malgré une différence de rendement, l’écart quant aux charges d’intrants (semences, engrais, chaux et pesticides) est peu élevé (691 $/ha versus 697 $/ha). Le taux de semis est similaire (1,05 sac/ha) et le prix de la semence est comparable (253 $/sac versus 247 $/sac).
Le taux d’utilisation des fertilisants minéraux est légèrement supérieur (686 kg/ha versus 672 kg/ha), toutefois leur prix unitaire est inférieur (493 $/t versus 518 $/t). Ces résultats sont similaires à ceux rapportés de l’analyse réalisée sur les données 2009.
Location : les entreprises du groupe de tête possèdent une plus grande partie des terres qu’elles cultivent (82 % versus 70 %). Le taux de location qu’elles paient pour les superficies louées est toutefois supérieur (339 $/ha versus 315 $/ha);
Charges machinerie : ce poste regroupe les charges pour la location de la machinerie, les travaux à forfait et l’entretien de la machinerie et du matériel roulant. Elles sont d’une moindre importance pour les entreprises du groupe de tête (136 $/ha versus 156 $/ha);
Financement : bien que la majeure partie des frais de financement n’ont pas été considérés dans le classement des entreprises, les entreprises du groupe de tête paient moins d’intérêts à court et long termes (75 $/ha versus 112 $/ha). La valeur des actifs (au coût d’acquisition) dont elles disposent pour la culture de maïs-grain est légèrement supérieure (9 236 $/ha versus 8 977 $/ha) et leur taux d’endettement est plus faible (40 % vs 48 %);
Amortissement : les charges équivalentes pour ce poste s’expliquent d’un côté, par les entreprises du groupe de tête qui disposent d’équipements (incluant roulant) plus récents favorisant une croissance des charges d’amortissement. Par contre, leur taille plus importante contribue à réduire leur taux par unité de surface;
Rémunération : la marge des entreprises du groupe de tête et de l’étude permettent de couvrir la rémunération des heures de travail effectuées par les employés, la famille et les exploitants (13,6 h/ha et 12,67 h/ha). La rémunération calculée pour le travail est 270 $/ha et 253 $/ha.
La rémunération de l’avoir des propriétaires, déterminée selon le taux des obligations d’épargne du Québec pour un terme de 10 ans, est compensée à 100 % par la marge dégagée par les entreprises du groupe de tête et à 28 % pour la moyenne des entreprises.
Conclusion
Au-delà de la zone géographique des entreprises, les calculs de corrélation effectués montrent que le rendement demeure un élément clé de leur rentabilité. Néanmoins, le contrôle des charges s’avère un enjeu déterminant pour celles qui ont atteint leur plein potentiel de rendement. Ceci leur permettra de stabiliser la capacité de rémunérer le travail et l’avoir dans une situation de fluctuation de prix sur les marchés.
Bonne comparaison!
[i] Tiers supérieur des entreprises possédant des superficies significatives en maïs-grain. Marge avant intérêts sur le long terme, rémunération du travail et de l’avoir.
[ii] Frais bancaires et à court et long termes.