Questionnés séparément sur ce qui les rend le plus fier de leur projet d’étable laitière de la Halte de la Montagne à Saint-Damase, Yvonne Becker et Mathieu Fréchette ont répondu la même chose : la fierté d’avoir démarré dans le lait.
Yvonne avait déjà démarré une entreprise laitière avec son ancien conjoint, mais en se séparant, elle avait laissé l’entreprise derrière elle. Mathieu Fréchette a toujours travaillé en agriculture, mais n’a jamais eu de ferme à lui. Ensemble, ils ont acheté une ferme fruitière qu’ils ont nommé temporairement la Halte de la Montagne. L’aspect temporaire est devenu permanent. Le fait que la ferme soit au pied du mont Rougemont et la présence d’un kiosque à la ferme justifiaient ce choix.
Le vendredi 5 septembre, ils ouvraient les portes de leur étable à la classe agricole avant de participer aux portes ouvertes de l’UPA le dimanche 7 septembre.

Démarrage
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Un nouveau robot pour l’alimentation des vaches laitières
GEA a profité d’Expo-Champs pour présenter son nouveau robot d’alimentation, le DairyFeed F4500. Ce robot permet de préparer, de servir et de repousser la ration totale mélangée aux vaches toute la journée.
Le projet a été rendu possible grâce au Programme d’aide au démarrage d’entreprises laitières des Producteurs de lait du Québec.
Construite en 2023, l’étable accueillait ses premières vaches le 5 mars 2024. Démarrée avec le quota prêté de 20 kilogrammes et de 10 kilogrammes acheté, l’entreprise fonctionne maintenant avec un quota de 56 kilogrammes.
Le troupeau compte 36 vaches, dont 29 en lactation, et 15 génisses. Toutes sont dans l’étable neuve. À noter que la ferme n’a que 15 hectares en cultures.
Au printemps 2020, alors que les enfants étaient privés d’école en raison de la pandémie, Yvonne et Mathieu ont trouvé une activité pour les occuper : abattre des pommiers McIntosh. Les trois enfants de chacun ont travaillé ensemble.
Une étable unique
Les choix de construction et d’équipement ont été faits en fonction des particularités de la ferme.
Avec seulement 15 hectares, ils devaient être imaginatifs. Ils ont fait le choix de loger les vaches sur litière accumulée dans le but de pouvoir exporter le fumier. « Notre but est de le commercialiser », explique Yvonne qui mentionne toutefois qu’ils n’en ont pas encore vendu. La raison est que l’étable contient moins d’animaux que sa capacité.

Ce qui est intéressant avec la litière accumulée, c’est qu’elle compost avec l’ajout de ripe et le processus de compostage génère de la chaleur. Mathieu Fréchette a eu l’ingénieuse idée de récupérer cette chaleur pour chauffer la laiterie, les allées de la pouponnière et la salle de bureau. Le système lui a été inspiré de deux autres producteurs, mais avec des systèmes beaucoup moins élaborés et moins fonctionnels.
Ça ressemble un peu à des planchers chauffants de maison, mais à l’envers. Au lieu de réchauffer le plancher, le réseau de tuyaux dans le béton récolte la chaleur (38 degrés) pour la redistribuer ailleurs. Cela représente des économies de chauffage importantes. « C’est ce qui nous distingue le plus », explique Yvonne. « C’est de la chaleur gratuite qui serait perdue sinon », explique de son côté Mathieu.

Autre choix lié à la superficie de terre : le fourrage est constitué principalement de maïs-ensilage entreposé en sacs dans la cour. Un minimum de foin est acheté de l’Ouest pour équilibrer la ration des vaches.
Choix des équipements
Les allées d’alimentation sont dotées de carcans pour faciliter les manipulations des animaux. Les vaches sont traites au robot. Il y en a un, mais la place pour le deuxième est prévue. L’arrière-robot est utilisé pour les vaches ayant besoin d’attention particulière comme l’entraînement au tarissement.
Les vaches en lactation sont sur litière accumulée, mais les autres sont avec stalles et matelas pour sauver de l’espace. Les veaux sont gardés une semaine en loges individuelles avant d’être en petits groupes de trois.

Des gens fiers
La construction neuve est en bois. Ce matériau était, une fois installé, un peu moins cher que l’acier et tellement plus joli. Suisse d’origine, Yvonne raconte qu’elle est heureuse de venir travailler dans son étable et que ça correspond à ses valeurs.
Yvonne est fière et aime que ce soit propre. L’entreprise reçoit annuellement des étudiants de médecine vétérinaire et des citadins ont même circulé à l’occasion en tracteur dans l’étable.

Une ferme de recherche
Une particularité de l’étable de la Halte de la Montagne, c’est qu’elle servira de ferme de validation de recherche pour Trouw Nutrition. Yvonne travaille d’ailleurs pour cette entreprise comme technologue.
Une ferme de validation permet de refaire des recherches menées par l’entreprise dans des sites expérimentaux dans d’autres pays, mais dans un contexte d’une ferme commerciale et locale. L’entreprise n’avait pas de ferme de vaches laitières dans l’Est du Canada.
Richard Lizotte, directeur secteur ruminant Est du Canada pour Trouw Nutrition explique que l’entreprise a investi en installant des équipements pour faire des expérimentations et pour collecter des données. Ainsi, des silos supplémentaires ont été installés pour comparer deux aliments servis au robot. De plus, le robot de traite fait des analyses du lait pour les fins de la recherche.
De plus, l’entreprise utilise le logiciel de comptabilité Aleop qui est aussi doté des indicateurs Shur-Gain, marque de commerce de Trouw Nutrition. Dans l’entente, toutes les données collectées par Aleop dans l’étable de la Halte de la Montagne sont partagées avec Trouw Nutrition.
Les projets de recherche ne sont pas encore commencés puisque l’étable est encore en rodage.

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