Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit le dicton. Ce dernier pourrait s’appliquer aux éleveurs qui bénéficieront de coûts moins élevés pour l’alimentation des animaux dans les prochains mois en raison de la baisse du prix des grains depuis le début de l’année. Par ricochet, la vente d’aliments devrait être soutenue également. Tous ces secteurs sont en plus stimulés par une demande au Canada pour la volaille et les œufs, ainsi que pour les produits laitiers.
C’est ce qui ressort d’un récent rapport rédigé par Financement agricole Canada (FAC) qui s’est penché sur les perspectives d’approvisionnement en aliments pour le bétail et ses répercussions pour l’élevage et les aliments pour animaux commerciaux au Canada.
La vente d’aliments a connu de brusques mouvements dans les dernières années en atteignant le chiffre record de 11,7 G$ en 2022 sur la poussée des prix des céréales et du soya. Les ventes devraient se situer à 11,2 G$ en 2025 et monter à 11,9 G$ l’an prochain.
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Selon Leigh Anderson, économiste principal à FAC et auteur du rapport, la hausse des ventes est attribuée à une abondance de céréales à bas prix et une amélioration de la rentabilité des élevages. Il note que les perspectives sont positives, autant du côté de l’élevage que des aliments pour animaux.
Impacts de la production fourragère et céréalière
La météo n’a pas fait de cadeau cette année au Canada. Les producteurs de grandes cultures et de fourrage ont connu des difficultés, tant dans l’Est que dans l’Ouest du pays, indique Leigh Anderson qui dresse un portrait de la situation.
Au Québec, la production de fourrage a été sauvée par une bonne première coupe, bien la qualité ait pu être affectée par le temps frais et humide. L’économiste de FAC s’attend à ce que le prix du foin augmente et reste élevé d’ici le printemps prochain, les rendements soient inférieurs à la moyenne, bien que le marché du foin demeure très régional, toutefois. L’abondance de grains prévue aux États-Unis pourrait cependant maintenir la hausse.
Leigh Anderson souligne que de plus en plus d’éleveurs de bovins se tournent vers d’autres solutions, comme l’ensilage d’orge et de maïs, ou encore les pâturages de maïs. Avec des rendements relativement élevés dans l’ensilage de maïs, les animaux devraient avoir suffisamment de céréales fourragères pour l’hiver, surtout que l’accroissement de la superficie consacrée au blé d’automne a entraîné une hausse de la quantité de paille qui peut être rajoutée aux rations.
Du côté des céréales et des légumineuses, une légère baisse de la production est attendue en 2025 en raison des conditions météo en dents de scie.
La tendance à surveiller pour les prix viendra par contre du Sud de la frontière puisque d’importantes récoltes sont prévues, ce qui mettra de la pression sur les prix, surtout pour le maïs.
En tenant compte de ces facteurs, les prévisions de ventes des aliments pour 2026 pourraient donc être revues à la baisse. L’économiste de FAC rappelle cependant que les additifs et des suppléments ont un impact significatif sur les coûts, surtout si les éleveurs doivent compenser pour des aliments de moindre qualité.
Une demande soutenue stimule les ventes d’aliments
Leigh Anderson relève par ailleurs que la demande des consommateurs demeure forte pour les produits laitiers et la volaille, ce qui devrait permettre une croissance lente ou stable pour les aliments. La même chose est constatée pour le porc.
Pour la volaille, l’influenza aviaire demeure un risque majeur. Le secteur a d’ailleurs moins produit que son quota au cours de la dernière année à cause d’une réduction des placements de poussins et d’éclosions de maladies.
Le secteur porcin canadien montre des signes de reprise après plusieurs années difficiles. La récente amélioration du prix des porcs et le recul des coûts des aliments pour animaux pourraient entraîner une croissance modeste du cheptel l’année prochaine.
Même chose pour le bétail où les prix demeurent élevés. Le secteur connait aussi une baisse des coûts des aliments pour animaux, ce qui pourrait favoriser encore davantage la reconstitution du cheptel, malgré des marges serrées. Leigh Anderson juge donc que la demande en aliments devrait progresser.
Une situation positive
À l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC), on juge également que les perspectives sont bonnes. « La situation est très positive pour le prix des grains et des tourteaux », confirme son PDG, Sébastien Lacroix, interrogé quant à aux conditions prévalant au Québec. C’est le cas mentionne-t-il pour la volaille et les œufs. Dans le cas du porc, la production québécoise demeure en deçà des sept millions de porcs qu’elle a déjà atteint dans le passé. À 6,4 millions d’animaux produits actuellement, le secteur tente d’arrimer la production à la capacité d’abattage.
Selon le plus rapport d’AGECO, chargé d’étudier la situation dans chacun des secteurs par l’AQINAC, la situation des élevages au Québec est considérée de stable à une petite hausse, selon les cas. « Les indicateurs sont tous positifs et les prix sont intéressants. On se trouve dans une belle situation actuellement. »
Sébastien Lacroix rappelle que l’alimentation demeure un des coûts principaux en élevage et que la situation peut évoluer rapidement selon l’offre et la demande, surtout dans un contexte où les indicateurs sont instables, comme c’est le cas actuellement.
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