L’agrivoltaïsme, une option écologique pour les producteurs de serre

Publié: il y a 6 heures

Le modèle hybride en apport d’énergie est privilégié pour l'instant : le solaire et l’électricité ou le gaz naturel.  Photo: Natacha Danis

En serriculture, au Québec, l’énergie est une donnée essentielle dans le rendement des cultures, donc dans la rentabilité. Depuis quelques années, des chercheurs tentent d’adapter le photovoltaïque pour alimenter les serres. On parle, pour l’instant, de serres à dimensions moyennes et non de grandes productions comme c’est déjà le cas en Europe.

Par-delà l’objectif d’utiliser l’énergie solaire pour réduire l’empreinte carbone, il y a aussi la volonté de réguler des appareils toujours plus performants pour obtenir un équilibre entre l’investissement et l’apport énergétique.

Pour la consultante en agriculture urbaine et chargée de cours dans le domaine des énergies à l’UQAM, Natacha Danis, il y a deux aspects à considérer dans l’aménagement de panneaux solaires. « D’abord, si c’est un nouveau projet de serre, c’est plus facile d’intégrer le matériel dans les plans d’origine. Toutefois, si c’est une serre déjà existante, que faut-il faire pour adapter cette technologie de façon la plus intelligente possible? C’est ce qui fait l’objet de mes recherches », dit-elle.

À lire aussi

La construction de sa première serre n’a pas été de tout repos pour Vegpro. Malgré un échéancier serré, une préparation du terrain difficile et des coûts de construction qui montent toujours en flèche, l’apprentissage d’un nouveau système de production, l’entreprise a relevé le défi et a pu compter sur une équipe d’agronomes chevronnés.

Avez-vous manqué ces articles?

VegPro a mis en production une serre presqu’entièrement automatisée à Sherrington. Maryse Lecavalier est notre personnalité du mois. Cliquez ici pour consulter les articles les plus populaires de la semaine.

Le modèle hybride est privilégié, pour l’instant

Pour l’heure, le modèle hybride en apport d’énergie est privilégié. « On regarde ça avec beaucoup d’intérêt, quand je fais de la consultation avec les clients, on propose souvent que le solaire fasse partie d’un bouquet énergétique varié, ça peut être en le combinant avec l’électricité ou le gaz naturel. On souhaite donc diversifier leurs sources d’énergie, tout en gardant, en toile de fond, de les inciter à la sobriété énergétique », ajoute Natacha Danis.

Les énergies renouvelables ne vont sans doute pas combler tous les besoins, du moins, pas à court terme. Natacha Danis, travaille en partenariat avec Jean-François Lerat, chercheur à l’Institut interdisciplinaire d’innovation technologique (3iT) de l’Université de Sherbrooke, afin de dimensionner le système agrivoltaïque au projet de l’agriculteur et de sa production agricole.

Il y a aussi le défi des serres en milieu urbain à cause des obstacles à l’ensoleillement, comme des immeubles de haute taille, ou encore l’espace disponible. Dans ce milieu particulier Natacha Danis souligne que : « les toits seraient peut-être une avenue à considérer et c’est sans oublier le développement de fermes intérieures dans des espaces déjà existants, évitant le développement de trop de nouvelles serres sur le territoire ».

Il y a plusieurs aspects à considérer pour l’aménagement de panneaux solaires. Photo: Natacha Danis

Pas trop ni trop peu

Les plants ont besoin d’une certaine quantité de lumière pour leur allocation carbone, mais à partir d’un moment, un palier est atteint et, au-delà, il y a un processus de saturation. Le tout est de savoir comment gérer la mobilité des panneaux pour pouvoir soit occulter soit laisser passer les intrants lumineux. « Avec les dispositifs photovoltaïques actuels, il faut, en moyenne, quatre photons pour produire un électron. Cela permet d’avoir une mesure de l’énergie nécessaire pour optimiser les systèmes en serre et produire de l’électricité. Cette électricité peut contribuer à l’alimentation de toutes les charges, que ce soit le chauffage, la ventilation, les ordinateurs ou encore les petits moteurs pour déployer les rideaux de couverture. On est dans le cas par cas », conclu Jean-François Lerat.

À noter que Natacha Danis prononcera une conférence sur le sujet le 12 novembre prochain dans le cadre du Colloque maraîcher en serre 2025 organisé par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ).

À PROPOS DE L'AUTEUR

Eddy Verbeeck

Eddy Verbeeck

Journaliste

Eddy Verbeeck est journaliste, réalisateur et écrivain, il travaille dans le monde médiatique depuis plus de 30 ans. Il a notamment travaillé à l'émission La Semaine verte.