De la génétique à la ferme aux enjeux de la filière bovine

L'approvisionnement, l'uniformité et combler les besoins des consommateurs font partie des enjeux de la filière bovine québécoise

Publié: il y a 3 heures

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Dans les dix dernières années, le nombre de bouvillons finis au Québec a chuté de moitié.

Au Québec, il y a de nombreux petits producteurs de veaux d’embouche dont les animaux sont achetés en majorité par un petit nombre de parcs d’engraissement. Voilà l’un des constats à considérer avant de planifier un plan de génétique en production bovine.

Le directeur du développement des affaires du Centre d’insémination artificielle du Québec (CIAQ), Sylvain Lefebvre, a présenté son analyse lors du Congrès bœuf du CRAAQ 2025 sous le thème « La génétique : un des leviers d’amélioration de votre troupeau ».

Sylvain Lefebvre, directeur du développement des affaires du Centre d’insémination artificielle du Québec (CIAQ)

La province a fini 58 246 bouvillons en 2024. C’est deux fois moins qu’en 2016 avec 110 991 bouvillons finis.

Le Québec compte 1864 producteurs de veaux d’embouche dont 85% d’entre eux détiennent 56% des vaches. Ces petites fermes ont 41 vaches en moyenne. On dénombre aussi 91 producteurs de bouvillons dont les 15 plus gros produisent les deux tiers, soit 64% des bouvillons pour une moyenne de 2412.

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Dans un tel contexte, les plus grands parcs d’engraissement n’ont d’autre choix que de s’approvisionner auprès d’un grand nombre de petites entreprises vache-veau.

« Pour avoir une bonne sorte de viande et un bon poids, c’est tellement disparate », explique Sylvain Lefebvre en entrevue.

Et le consommateur dans tout ça?

Ayant travaillé dans les secteurs du porc et du poulet, Sylvain Lefebvre voit la différence entre le secteur du bœuf et les autres secteurs. Dans le porc ou le poulet, les éleveurs connaissent la finalité des différentes coupes de viande des animaux qu’ils élèvent. Pas dans le bœuf.

Selon lui, les producteurs bovins doivent combler les besoins des consommateurs. C’est le plus grand défi de la filière bovine.

Alors, lorsqu’il rencontre les éleveurs, il les amène à se questionner sur la finalité des animaux qu’ils élèvent. Il explique que le CIAQ est en train de développer un calculateur qui permettra aux producteurs d’évaluer le coût de production de leur choix – taureau vs semence sexée ou non – et les revenus projetés.

Traditionnellement, les producteurs de veaux d’embouche travaillent avec des taureaux à la ferme, mais calculent-ils vraiment le coût de leur choix et la valeur du taureau qu’ils achètent?

« Les taureaux cette année, à cause du prix de la viande, c’est entre 15 000 et 25 000$ », dit-il.

Selon Sylvain Lefebvre, un autre secteur qui est sous-estimé au Québec pour expliquer le déclin du nombre de bouvillons finis, c’est celui des veaux laitiers croisés qui sont fortement en demande aux États-Unis et en Ontario. Il en résulte que chaque année, un nombre impressionnant de veaux laitiers croisés boucherie traversent les frontières pour se faire engraisser ailleurs.

Enjeux de la filière bovine au Québec

Les principaux enjeux de la filière bovine, selon Sylvain Lefebvre tournent autour de l’approvisionnement et de l’uniformité. Le défi est de combler les besoins des consommateurs.

  • Taille des élevages pour fournir la matière première;
  • Nombre d’animaux produits pour les besoins de l’industrie (lots, disponibilité, récurrence);
  • Uniformité des animaux (poids, carcasse, masse musculaire);
  • Qualité des carcasses (classification, identique).

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.