Le numérique est en train de révolutionner la production laitière. C’est le cas des données collectées par les systèmes de traite, les systèmes d’ambiance, les caméras de surveillance ou les podomètres. Et cela touche bien d’autres aspects encore!
La professeure en agroéconomie Annie Royer, de l’Université Laval, le qualifie de 4e révolution. Madame Royer était la conférencière invitée au déjeuner-causerie du Symposium sur les bovins laitiers organisé par le Centre de référence en agriculture et en agroalimentaire du Québec (CRAAQ) qui avait lieu le 29 octobre 2019 à Drummondville. Elle parlait de deux études du CIRANO.
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Des haies brise-vent pour lutter contre la chaleur
La ferme WB a planté des haies brise-vent qui, à maturité, procureront de l’ombre à leur troupeau de vaches Highland lors des journées chaudes d’été. Cette initiative a été rendue possible grâce à l’expertise et au financement d’ALUS Montérégie.
Un sondage en ligne a été effectué le printemps dernier par l’équipe de Madame Royer auprès des producteurs laitiers du Québec, via l’infolettre de leur organisation provinciale. Au total, 121 personnes ont répondu au questionnaire.
Les producteurs étaient bien répartis selon les régions productrices, mais il y avait un biais au niveau des robots de traite et de la stabulation libre qui étaient surreprésentés comparativement à la réalité (37% avaient des robots alors qu’il n’y en a que 11 à 15% au Québec; 38% étaient en stabulation libre alors qu’il y en a environ 14% au Québec).
Les entreprises laitières qui utilisent davantage le numérique ont de la relève, sont en stabulation libre et ont des troupeaux de 91 vaches et plus. Le numérique est principalement l’apanage des jeunes de moins de 35 ans.
Malgré ses bénéfices, comme un meilleur suivi de la santé des animaux, le numérique a son lot de contraintes. C’est le cas notamment de la disponibilité d’internet. Annie Royer s’inquiète du fait que 21% des répondants n’ont pas de connexion internet suffisante, surtout que certaines des entreprises visées sont dans des régions centrales, comme la Montérégie.
Une autre contrainte pour les producteurs laitiers québécois est la grande proportion d’étables entravées, plus élevée qu’ailleurs au Canada et en Amérique du Nord.
Une troisième contrainte est que le numérique suit actuellement la loi du Far Ouest. À qui appartiennent les données? Les lois ne se sont pas adaptées à cette réalité pour les entreprises.
Aux États-Unis, Ag Data Transparent accrédite les entreprises comme John Deere. Financement Agricole Canada est allée chercher l’accréditation de cette organisation. Des organisations comme Ag Data Tranparent offre un code de conduite à respecter. De tels codes existent dans différents pays, mais pas au Canada.
Annie Royer souhaite que les gouvernements du Québec et du Canada, ainsi que les entreprises accordent plus d’importance à la question et que les lois tiennent compte de la réalité numérique. Elle souhaite que le Canada se dote d’un code de pratiques comme aux États-Unis.
Les résultats complets des études d’Annie Royer seront disponibles sur le site internet de CIRANO à l’hiver ou au printemps 2020.
Toujours aussi populaire
Après 43 éditions, le Symposium sur les bovins laitiers du CRAAQ est toujours aussi populaire. Cette année, 530 personnes ont participé à l’évènement. Outre le numérique, les conférences abordaient les acides gras dans l’alimentation de la vache, le stress thermique, l’épigénétique, la gestion et les produits laitiers. Le concours de la session d’affiche a récompensé Jean-Philippe Laroche de l’Université Laval pour sa recherche Nutrition protéique: peut-on faire plus avec moins?

