Il nous reste 42 ha de soya IP à récolter. Ce n’est rien, mais cette année, ça ressemble à un marathon. Les meilleurs réussissent un marathon de 42 km en un peu plus de deux heures. Pour Gertrude, 42 ha ça se fait en deux vraies journées de récolte. Cette année, c’est plus compliqué. On oublie le record et on se concentre sur terminer l’épreuve dans les meilleures conditions possibles.
On sent une certaine fierté de se rappeler que telle année, on a réussi une bonne récolte fin novembre, même début décembre. On sait aussi ce que ça implique d’efforts pour réussir. Notre vision de la récolte change. Tenir le temps, préparer des cellules de séchage pour réussir à conserver la qualité des grains, capturer au vol chaque percée de soleil pour avancer la récolte. L’automne s’étire et on sait en même temps qu’on n’aura pas le choix de finir la dernière récolte encore un peu plus tard. La saison s’étire et même si je sens l’urgence d’avancer, je dois respecter le rythme de dame Nature.
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Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Hier, de la pluie, encore une journée coupée en deux. Je me réveille la nuit, j’entends le vent qui, peut-être, aura l’effet séchant dont on a besoin pour avancer encore un peu. Le manque de sommeil, le stress d’exécuter les travaux et malgré tout garder la force d’avancer calmement dans ce marathon qui semble changer de distance à parcourir. Garder la tête froide, faire attention aux gestes imprudents qui peuvent me causer des blessures, ne pas me laisser envahir par l’émotion et continuer la route avec mon énergie, mon huile de bras et ma volonté de tenir jusqu’au fil d’arrivée.
On y arrivera! Plus fatigué et avec plus d’expérience à ajouter à notre bagage. On y va pour la fierté de réussir. Pas d’heures supplémentaires payées ni de prime d’éloignement de notre famille… seulement pour avoir l’honneur de réussir cet autre marathon. Profession : agriculteur!