Des services-conseils qui ne prennent pas une ride

L'apparition des premiers clubs est liée à la disparition des services de première ligne du MAPAQ

Publié: 30 août 2024

Un des pionniers des clubs conseil en agroenvironnement, l'agriculteur Yvon Boucher de Saint-Césaire, accompagné de l'agronome Julie Boisvert et du président du club Agri-Durable Jean-François Messier.

L’année 2024 concorde avec l’anniversaire des premiers clubs-conseils en agroenvironnement à avoir vu le jour au Québec, il y a 30 ans. Il y a deux semaines, le Club Agri-Durable soulignait sa première année de fondation en 1994 lors d’un méchoui à la Ferme Bertrand Rochat, une belle occasion de revisiter l’apport des pionniers et le chemin parcouru depuis les débuts. Son président, Jean-François Messier, faisait remarquer que ce modèle de prise en charge par des producteurs agricoles de services agronomiques au service de la communauté demeurait unique en son genre en Amérique du Nord.

Les clubs-conseils en agroenvironnement (CCAE) sont apparus en fait en 1993. Ils constituent des regroupements volontaires de producteurs agricoles, selon un fonctionnement d’organisation à but non lucratif (OBNL). Leur mission est d’offrir à leurs membres et à leurs clients une expertise de pointe en agroenvironnement et de les accompagner dans la mise en œuvre de pratiques agricoles durables.

À leurs débuts, le rôle des CCAE était toutefois différent, rappelle Ghyslain Pion, président du Pôle d’expertise en service agricoles, l’organisme qui chapeaute tous les types de groupes conseils agricoles du Québec depuis 2017. « Le rôle des CCAE visait à faciliter l’adaptation des groupes avec la mise en place de nouvelles règles de fertilisation, les plans agroenvironnementaux de fertilisation (PAEF). Au fil des ans, d’autres besoins se sont ajoutés, comme les suivis agronomiques avec des buts différents, comme la protection des sols et la biodiversité », dit-il.

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L’apparition des premiers clubs est d’ailleurs liée à la disparition des services de première ligne du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) envers les producteurs agricoles, pour se concentrer vers des services de deuxième ligne. Les clubs ont ensuite gagné en popularité avec l’arrivée d’une série de réglementations environnementales entre 1997 et 2002. Le financement venait d’une contribution partagée des gouvernements et des producteurs, basée sur le membership, alors que c’est maintenant l’action qui est subventionnée.

Au cours des ans, les CCAE ont contribué à la transmission de « beaucoup de connaissances et à la conscientisation de nombreux défis, indique Ghyslain Pion, pour qui les clubs représentent une importante courroie de transmission du savoir. « Le but des CCAE est de rendre les producteurs agricoles le plus autonome possible en leur offrant des services d’accompagnement. »

La dynamique des clubs a évolué avec les années et s’est adaptée aux exigences d’aujourd’hui, que ce soit les attentes des citoyens face à l’environnement, ou encore celles des gouvernements qui ont mis la diminution de la production de carbone dans leur mire. « On collabore à de nombreux essais et à des laboratoires vivants », ajoute-t-il.

De 87 clubs en 2007, leur nombre est maintenant de 59. Certains ont fusionné afin de former des groupes plus importants pour aider à financer les services, tandis que d’autres clubs spécialisés ont vu le jour, comme par exemple dans le cas de la production de bleuets et de pommes. Ils reposent encore toutefois sur le bénévolat des agriculteurs.

Bon an mal an, ils continuent de rejoindre environ le tiers des producteurs agricoles du Québec, avec un chiffre qui tournerait autour de 8000 producteurs en 2024, estime Ghyslain Pion.

Le succès des clubs repose, selon lui, sur la volonté des producteurs agricoles à participer au sein de leurs organisations, ou encore dans des projets de recherche. Les clubs ont aussi gagné en notoriété et sont reconnus par les municipalités qui les accompagnent dans différentes initiatives. Le président estime d’ailleurs que les retombés des gestes posés par les clubs dépassent le cadre agricole, en citant en exemple la santé de certains cours d’eau qui a été améliorée grâce aux agriculteurs.

Quant aux défis qui se dressent dans les prochaines années, ils ne sont guère différents que ceux qui ont été affrontés dans le passé. Il faut continuer de s’adapter, ce que les CCAE ont toujours fait. « La seule chose qui ne changera jamais, c’est le changement », lance le président du Pôle. Bien sûr, certains défis sont plus criants, comme l’adaptation à l’environnement d’affaires et les marges financières plus serrées, ou encore les outils de plus en plus connectés et la présence accrue de la technologie.

Les gouvernements ont un rôle à jouer et peuvent changer la donne, indique Ghyslain Pion. « Les agriculteurs sont toujours prêts à avancer, croit-il, surtout s’ils sentent qu’ils ont un coup de main en arrière. »

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.