Montevideo (Uruguay), 28 octobre 2001 – L’élimination du protectionnisme agricole en vigueur dans nombre de pays développés constituera le principal cheval de bataille des pays d’Amérique latine à la conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Doha (Qatar) du 9 au 13 novembre.
Comme ils l’ont fait lors de la dernière réunion ministérielle du Groupe de Cairns, coalition de 18 pays représentant un tiers des exportations agricoles mondiales, début septembre à Punta del Este (Uruguay), les principaux Etats de la région vont réitérer à Doha leur demande visant à mettre fin à la discrimination contre l’agriculture et à l’intégrer pleinement dans les règles de l’OMC.
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Le Groupe de Cairns – comptant 18 membres, dont neuf pays d’Amérique latine (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Paraguay et Uruguay) – avait alors exigé de la prochaine conférence de l’OMC « un engagement clair pour atteindre une réforme fondamentale du commerce agricole ».
Selon ce puissant groupe de pression, cette réforme passe par l’élimination de toutes les formes de subventions aux exportations, une amélioration substantielle de l’accés au marché et une réduction de l’aide interne qui inclue l’élimination de toutes les formes d’aide apportant des distorsions au commerce et à la production.
Les pays agricoles d’Amérique latine estiment qu’ils ne peuvent lutter « d’une manière équitable » contre les pays qui accordent à leurs producteurs des aides financières importantes et les protégent tant par des barrières douanières que non douanières incluant des mesures sanitaires et phytosanitaires « injustifiées ».
« Il y a dix ans, sept pays appliquaient le protectionnisme, ils sont maintenant 24. Il existait près de 400 mesures antidumping, il y en a maintenant plus de 1000 », a regretté la semaine dernière le président chilien Ricardo Lagos au Forum de coopération économique Asie Pacifique (APEC) à Shangai (Chine).
« Cette tendance inquiète les pays comme le notre qui souffrent de l’application de mesures antidumping. Elle rend plus difficile le développement du commerce, des exportations, et finalement elle implique un emploi moindre », a souligné M. Lagos.
Le chef de la diplomatie argentine, Adalberto Rodriguez Giavarini, a lui aussi estimé « cruciale » l’élimination des distorsions au commerce international, qui constituent « une forme de discrimination politique entraînant des situations de marginalisation » de certains secteurs de la société.
« Une véritable libéralisation du commerce agricole augmenterait de plus de un point notre produit intérieur brut, ce qui équivaudrait à 150.000 emplois nouveaux par an », a-t-il déclaré récemment.
Ce souci de promouvoir le développement et l’élimination de la pauvreté par un meilleur accés aux marchés est partagé par tous les Etats de la région.
« Le développement doit constituer le principe directeur des relations commerciales internationales » et être au centre des prochaines négociations au sein de l’OMC, a ainsi estimé la Communauté Andine des Nations (CAN, Bolivie, Colombie, Equateur, Pérou et Venezuela) lors de son dernier sommet présidentiel en juin.
Nombre de pays d’Amérique latine doivent également renouveler à Doha leurs critiques contre l’établissement de tout lien entre normes sociales et commerce et contre toute tentative des pays développés d’utiliser les normes environnementales comme « nouvelle forme de protectionnisme ».
Le Brésil poursuivra enfin sa campagne à l’OMC à la tête d’une soixantaine d’Etats réclamant une réforme de l’« accord sur les aspects commerciaux des droits de propriété intellectuelle » (TRIPS) afin de permettre notamment aux pays en développement de prendre des mesures en faveur de la santé publique, via un assouplissement des règles concernant les patentes ou l’application d’un prix plus juste pour les médicaments.
Source : AFP