
L’approche 4B désigne la « bonne dose, du bon produit, au bon moment et au bon endroit ». Son but : maximiser l’efficacité au champ des fertilisants, garantir le maintien des rendements tout en réduisant les pertes et l’empreinte environnementale. La série de vidéos « Gestion des nutriments 4B » lancée par les PGQ l’automne passé vient clarifier les façons de l’appliquer et faciliter son apprentissage. Trois fermes y présentent leurs conclusions après quelques années d’expérimentation au champ.
Comment définir la bonne dose? À la ferme des 4 Saisons, on se base sur la qualité visée pour le marché, le cultivar, le stade de croissance ainsi que sur l’analyse de sol. Il tient aussi compte du bon moment pour la plante. « En effet, explique l’agronome Patricia Leduc, si on prend l’exemple du blé d’automne, c’est le stade du tallage qui sera le moment de la première application au printemps, lorsque la plante a développé assez de radicelles pour absorber le fertilisant. Par la suite, on surveille l’atteinte du stade d’élongation, qui signale le début de la période où les besoins de la culture sont exponentiels ».
À lire aussi

Nouveautés, tendances et innovations de cultures en serres
Voici quelques technologies prometteuses pouvant s’appliquer au secteur serricole québécois rapportées du Canadian Greenhouse Conference.
Il est important de se former à bien reconnaître ces stades afin de planifier l’application fractionnée d’engrais pour une efficacité optimale. La forme d’azote (N) joue un rôle dans le moment d’application : avec l’urée granulaire, l’azote prend un peu de temps avant d’être disponible, alors qu’avec le nitrate d’ammonium 32 %, une partie du N se trouve déjà sous forme de nitrate immédiatement accessible à la plante. Une version liquide peut aussi être épandue plus proche du moment critique. Attention aux journées venteuses, à éviter pour ne pas causer de pertes.
L’investissement dans un outil d’application de précision a été calculé comme rentable à long terme pour ces fermes, d’autant plus qu’il sert aussi pour le semis des engrais verts à la volée. Cet équipement donne un épandage uniforme et réduit le besoin de chevauchement entre passages. Placer la bonne dose au bon endroit suppose un réglage soigné du matériel d’épandage pour les engrais solides. Dans la deuxième vidéo, Vincent Lamarre fait la démonstration de ces ajustements mécaniques sur un semoir à maïs et sur un épandeur de précision. Il présente aussi la manière de réaliser des tests au champ pour vérifier, et, au besoin, corriger, la répartition du fertilisant.
Comme l’explique Guillaume Alix, l’optimisation de la fertilisation azotée est complexe, mais incontournable : trop d’azote signifie un gaspillage d’argent, car la plante ne pourra pas utiliser tout le fertilisant, mais aussi une pollution dans le système hydrologique. La solution adoptée à la Ferme Prolix fut d’effectuer des essais au champ sur plusieurs années, en association avec des outils technologiques : un système GPS et un applicateur à taux variable. Avec Gabriel Deslauriers (Groupe Pleine-Terre), Guillaume Alix a observé le lien entre rendements et dose d’azote fournie sur plusieurs années. Ces données ont servi à cibler la dose optimale économique (DOÉ), champ par champ. Dans une rotation avec des cultures céréalières, des pois et un engrais vert, la ferme a réussi une économie de 30 à 50 kg d’azote par an.

La « carte bonus » dans les 4B, c’est l’amélioration de la santé des sols, qui aide à réduire la quantité d’azote minéral nécessaire. La ferme AJIRO applique une rotation incluant des cultures de couverture et engrais verts en intercalaire ou en dérobée, ainsi que des MRF et du fumier distribués à l’épandeur de précision. « Avec une météo favorable et un sol riche en matière organique, le maïs va aller chercher beaucoup d’azote dans le sol; il aura moins besoin d’apport sous forme minérale » observe Marie-Claude De Martin. La bonne dose est donc parfois égale à… zéro, dans certains champs. Ici, plusieurs années de semis direct sur billons et de cultures de couverture ont donné des résultats tangibles dans les rendements de maïs et la diminution du besoin de fertilisation azotée.
Les vidéos 4B sont accessibles sur la page Gestion 4B des nutriments du site des PGQ ou sur Agri-Réseau | Agroenvironnement. Un projet des PGQ, en coopération avec la Coordination des services-conseils, Réseau végétal Québec et le CRAAQ, financé par le programme Prime-vert volet 2.2 du MAPAQ dans le cadre du PAD.
*Cet article est issu d’une collaboration entre le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) et Le Bulletin des agriculteurs.
Pour lire d’autres articles du CRAAQ: AGRInnovant et bonnes pratiques.