
La lutte intégrée dans les cultures a longtemps reposé principalement sur le dépistage des organismes nuisibles (insectes, maladies et mauvaises herbes) et l’utilisation de différentes mesures de lutte physiques, culturales, biologiques et chimiques. Or, de plus en plus d’études démontrent que les haies peuvent, elles aussi, contribuer à cette forme de lutte respectueuse de la santé et de l’environnement.
Différents rôles
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Les haies jouent différents rôles : elles peuvent servir de refuge, mais aussi de site de reproduction, d’alimentation et d’hibernation pour de nombreux ennemis naturels utiles. Elles sont particulièrement importantes pour les parasitoïdes, qui s’attaquent aux pucerons, aux chenilles, aux punaises et aux mouches, car elles les protègent du vent durant la saison de production. L’hiver, elles améliorent leur survie en accumulant de la neige au pied des arbres, là où ils hibernent.

Les haies de feuillus et/ou d’arbustes à fleurs ou à fruits attirent une plus grande diversité d’ennemis naturels que celles constituées uniquement de conifères. Elles présentent donc un plus grand intérêt. Cela dit, « peu importe le type de haies, elles favorisent toutes la lutte biologique, souligne Geneviève Labrie, biologiste-entomologiste et chercheuse principale au Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB+). Pour qu’on constate un impact positif, ajoute-t-elle, il suffit d’un aménagement de 200 à 400 m/ha ».
Combien ça coûte?
Selon le Groupe ProConseil, sans subvention et en tenant compte du temps de conception et de planification, il en coûte en moyenne entre 9 et 15 $/m pour implanter une haie. Avec une aide financière, on peut s’attendre à devoir débourser entre 1,15 et 5 $/m. Ces coûts dépendent de l’espacement entre les arbres et/ou les arbustes, de la grosseur des végétaux, des coûts de la main-d’œuvre requise, mais aussi de la proportion de feuillus dans la haie.
« Car, selon l’abondance des chevreuils et la proximité de boisés, précise Catherine Mercier, agronome et conseillère en agroenvironnement au Groupe ProConseil, on doit mettre des protecteurs sur les feuillus. C’est le cas en Montérégie. En Estrie, en raison de la prédation élevée, il n’est pas rare que tous les arbres doivent être protégés. Ça représente un coût important, souvent plus que celui des arbres », signale-t-elle.
Il faut aussi prévoir des coûts d’entretien après l’implantation de la haie. Ceux-ci seront plus ou moins élevés suivant qu’on fait appel ou non à un entrepreneur forfaitaire.
Deux simulateurs de coûts ont été développés au Québec pour avoir une idée des dépenses à prévoir. Celui du Groupe ProConseil et de Gestrie-Sol est associé aux bandes riveraines, alors que celui de Biopterre soupèse les différents systèmes agroforestiers, dont les haies brise-vent autour de bâtiments.
Et qu’en est-il du coût associé à la perte d’espace cultivable? Une évaluation a été faite en Montérégie, en 2023, pour un champ de maïs de 12,5 ha comportant une haie de 500 m de long sur 3 m de large. Ce coût atteignait entre 0,2 à 1,3 % du revenu total de ce champ.
« Cependant, l’effet de la perte de rendements à proximité de la haie est généralement contrebalancé par des gains plus loin dans le champ, indique Catherine Mercier. Les haies contribuent aussi à tempérer les extrêmes de température, ce qui devient intéressant dans un contexte de changements climatiques. »
Aide financière
Différents programmes offrent du financement pour l’implantation de haies. Le programme Prime-Vert rembourse jusqu’à 70 % des coûts admissibles (15 % de plus pour la production biologique et la relève). ALUS peut offrir jusqu’à 750$/ha pendant cinq ans pour l’implantation d’arbres et d’arbustes, tandis que le programme services-conseils paie une partie des coûts liés aux services-conseils nécessaires pour effectuer le bilan de la biodiversité sur la ferme, qui pourra orienter le type d’aménagement à faire.
Pour en savoir plus
Vous désirez en apprendre davantage sur les ennemis naturels et l’aide qu’ils procurent? Consultez la fiche du CÉTAB+, Aménager pour les auxiliaires de culture. Pour plus d’informations sur les modèles de haies, vous pouvez vous procurer le Guide d’aménagement de systèmes agroforestiers du CRAAQ.
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