Ça aura pris 13 jours pour arriver à régler partiellement le problème hydraulique de Gertrude. On essaie de faire un diagnostic, on fait des tests avec le mécano. On y va par déduction. Commande une pièce, trois jours d’attente. On remonte. Rien de réglé. On fouille plus loin. Monte et démonte le bloc hydraulique en faisant une inspection à la loupe. Rien de gagné une fois remontée.
On a l’impression de tourner en rond. Consulte un mécano de l’extérieur. On discute du problème. On échange des photos. Ça se pourrait que ce soit ton bloc valve lui-même qui serait fissuré. Hein! Ça se peux-tu? La pièce n’existe plus, donc on commande un morceau de l’extérieur ramassé sur une machine comme Gertrude. Ça prend quelques jours avant de la recevoir.
On consulte un autre mécano qui arrive avec son kit de test et qui m’explique de long en large comment fonctionne le cerveau du bloc hydraulique. Regarde ici sur le schéma. Pour commencer, il faut s’organiser pour que ton huile arrive à ton volant. Il sort ses cadrans et prend les pressions aux bons endroits en éliminant les possibilités pour arriver à la conclusion : votre bloc hydro est probablement fissuré quelque part.
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Lundi dernier, je recevais mon prix Adélard-Godbout. Un sentiment de fierté de recevoir cette reconnaissance avec en arrière-plan un sentiment d’inquiétude: la neige qui tombe.
On attend donc avec impatience le fameux bloc en espérant que c’est le bon. Bonne nouvelle, il arrive quelques jours plus tôt que prévu. Soulagé de constater qu’il est identique. On remonte tout ça. Euréka! J’ai retrouvé mon volant et toutes les fonctions hydrauliques fonctionnent, si on exclut une légère perte sur le relevage du feeder.
Par contre, on n’a pas d’huile pour ouvrir et fermer la chute. On s’installe en mode 1970. L’époque où on attachait la chute en position déchargement pour la journée entière. On a donc réussi à terminer les derniers 9 hectares de récolte de maïs 2025. On s’est même permis de récolter notre parcelle d’évaluation de nos hybrides à la toute fin de la journée à la belle noirceur. Véronique (représentante Pioneer) est même arrivée face à face avec un beau coyote bien gras.
Pendant toute la journée, j’avais la peur que notre petite fuite du feeder finisse par empirer ou qu’une autre partie du bloc usagé cède. J’ai l’impression d’entendre des bruits bizarres. Je fais le tour. Rien qui coule, rien qui frotte. On continue, mais avec une impression d’urgence et d’attention extrême. Relever le feeder aux 5-7 secondes parce qu’il descend tout le temps. C’est fatiguant à la longue.
Ce matin, je me sens comme après un lendemain de veille un peu trop arrosé. Étourdi, tremblement, bouche sèche, en manque d’énergie. Comme on dit : je suis brulé! Quand j’y pense… quand ça fait 13 jours que tu consultes le livre de service, que tu te réveilles avec une nouvelle idée de scénario pour aller vérifier une autre possibilité.
Le livre de service devient la bible du moment. T’as toujours ça dans la tête en même temps que tu vois les beaux flocons tomber qui eux te ramène à l’idée que la récolte va se compliquer. Au moins, ce matin, c’est réglé. Je reprends des forces et j’attaque mes autres obligations qui retardent. On va pouvoir tout reconstruire à la chaleur dans le garage.
Pas mal plus confortable que dehors au bout du champ en plein vent au coin du rang Picoudie. Une autre tranche de vie! Courage à ceux qui doivent encore poursuivre leur récolte.
Profession agriculteur
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