Depuis l’automne 2023, Stéphanie Hedrei parcourt les régions des Laurentides, Laval et Montréal, afin de rencontrer les producteurs agricoles et connaître leurs préoccupations environnementales. La conseillère en agroenvironnement et coordonnatrice ALUS travaille avec la Fédération de l’UPA Outaouais-Laurentides, la plus récente section à avoir noué un partenariat avec ALUS, à l’image de ce qui se fait déjà dans d’autres régions où une entente existe entre le syndicat agricole et l’organisme.

« Les producteurs agricoles sont importants. Ils ont un impact sur l’environnement et ils en sont conscients. Ils travaillent pour les générations futures », ajoute Mme Hedrei.
À lire aussi

Obtenez le meilleur de votre troupeau laitier
Temps et profit Seulement deux petits mots, mais c’est sur eux que les producteurs laitiers fondent la plupart de leurs…
Un partenariat ancré dans la réalité agricole
Depuis 2016, l’UPA et ALUS Canada ont joint leurs forces afin de réaliser des projets agroenvironnementaux. Ces derniers vont de la plantation de haies brise-vent à l’installation de bandes riveraines, ou encore l’accompagnement dans la fauche retardée. Les objectifs sont ici les mêmes que dans de nombreux programmes offerts par le gouvernement québécois ou des organismes privés, soient préserver l’environnement et les écosystèmes en améliorant la santé du sol et de l’eau.
Le financement pour le programme ALUS provient principalement de programmes gouvernementaux, de fondations privées et d’entreprises qui soutiennent sa mission. C’est également un partenaire de mise en œuvre du programme national Deux milliards d’arbres, lancé par le gouvernement fédéral en 2021 dans le cadre de ses efforts visant à atténuer les changements climatiques.
« Notre mission est de soutenir les producteurs agricoles qui mettent en place et entretiennent des projets et des solutions environnementales qui bénéficient aux collectivités aujourd’hui et pour le long terme », indique Jennifer Loschiavo, cheffe divisionnaire pour Est ALUS.

Frédéric Alary (président du comité ALUS Laurentides), est producteur de lait biologique à Sainte-Sophie dans les Laurentides, en plus d’être un des propriétaires des Fromagiers de la Table Ronde. Il travaille justement avec ALUS depuis l’an dernier sur un projet d’envergure qui sera réalisé en deux phases. La première consiste en l’implantation de différents arbres et arbustes pour créer des bandes riveraines élargies aux abords de la rivière Achigan, ainsi que la mise en place d’un corridor écologique qui favorisera le passage de la faune. Par la suite, le producteur souhaiterait planter des arbres autour et dans l’enclos servant de pâturage aux vaches, afin de créer des ilots ombragés et plus naturels.
Un accompagnement qui couvre tous les angles
En tant que producteur, ce que M. Alary apprécie le plus avec ALUS, c’est l’accompagnement tout au long des projets. C’est fort simple. Un producteur agricole peut présenter une idée alignée sur les objectifs de l’organisme à son comité local ALUS, et si les membres du comité donnent leur accord, il peut aller de l’avant. La coordination du projet, sa réalisation et une grande partie de son financement sont alors pris en charge par ALUS.
« Tout ce qu’on demande au producteur c’est son temps », résume Mme Hedrei.
La conseillère peut compter pour sa part sur un large réseau d’experts et de producteurs agricoles qui mettent en commun leurs connaissances au sein des comités afin de réaliser les meilleurs projets possibles. Les comités réunissent en effet des agriculteurs, des représentants des clubs conseil en agroenvironnement et des experts de différents milieux qui agissent comme personnes ressources.
Après la réalisation du projet, le producteur reçoit une rétribution annuelle durant cinq ans, selon la superficie du projet, pour son entretien et les services écosystémiques produits. Après quoi, l’entente peut être renouvelée pour un autre cinq ans. Il bénéficie durant cette période de l’accompagnement d’ALUS et d’un suivi annuel.
« On est là pour aider », précise Mme Hedrei.
Un investissement pour le futur
M. Alary a réalisé au printemps la première phase de son projet. Il calcule à environ 15 000$ le coût total de ce dernier, en tenant compte des matériaux et du temps.
« Je n’ai pas eu à débourser une cenne, j’ai seulement eu à donner un peu de mon temps », dit-il.
Et mieux encore, ajoute-il, il sera payé dans les prochaines années. En plus, les consommateurs constatent les efforts déployés par la ferme, ce qui fidélise la clientèle.
Comme d’autres agriculteurs, il constate que les changements climatiques se font de plus en plus sentir. La tempête Debby en est la dernière démonstration. Elle a causé d’importants dommages dans sa région, dont des inondations et de l’érosion. Avec le programme ALUS, il se sent épaulé.
« On a la chance de pouvoir compter sur un réseau d’experts, c’est un gros plus. Comme producteur, j’ai peut-être 50 ans à faire des essais sur la ferme, si j’en fait un par année durant la vie de l’entreprise. Mais si on est dix producteurs qui font 50 essais aussi, la place est beaucoup plus grande de voir ce qui fonctionne ou non. Les résultats sont aussi plus concrets parce qu’ils sont à grande échelle. »