Agir sur la fusariose (suite et fin)

Publié: 25 juin 2012

Séchage et entreposage
Qui dit récolte hâtive dit haut taux d’humidité. À moins que vous n’expédiiez votre grain immédiatement au centre de grain, vous devrez l’entreposer selon les règles de l’art. Il faudra abaisser rapidement le taux d’humidité à 14 % ou mois, pour éviter que la fusariose ne continue à se développer et que la qualité de votre grain ne se dégrade à même le silo.

Il existe peu d’expertise au Québec au sujet de l’entreposage des grains. Trop souvent, les producteurs connaissent mal les précautions pour s’assurer que leur récolte soit bien entreposée. Jacques Dion, responsable de la production de semences et de l’orge de brasserie chez Semican, visite des dizaines de producteurs à chaque année. Voici quelques conseils de sa part.

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1) Après le remplissage d’un silo, égalisez le dessus de la colonne de grain, afin qu’il n’y ait plus de cône au centre. Sinon, il y aura plus de résistance au centre et l’air poussé depuis le plancher montera plus facilement sur les côtés, ce qui donnera un séchage inégal.

2) Vérifiez la capacité du ventilateur et des ouvertures sur le toit. «Beaucoup de silos ont été achetés à une époque où l’on récoltait plus sec. Quand on récolte plus humide, ça prend un meilleur ventilateur», dit Jacques Dion. Heureusement, il existe une large gamme de ventilateurs sur le marché et il n’est pas très difficile d’ajouter des ouvertures sur le toit.

3) Ventilez en continu pendant la première semaine, afin d’abaisser la température du grain. Le grain récolté continue à transpirer et à produire de la chaleur, alors vaut mieux faire fonctionner le ventilateur 24 heures sur 24.

4) Après une semaine, n’activez le ventilateur que pendant le jour, lorsque le taux d’humidité dans l’air est à moins de 70 %. « Il y a des producteurs qui utilisent leur ventilateur sans arrêt pendant plus d’un mois et le taux d’humidité du grain ne baisse pas. S’il fait beau le jour, l’humidité sort du silo, puis la nuit, le ventilateur la fait rentrer! »

Il est possible d’automatiser le ventilateur en le reliant à un humidimètre. Sinon, il suffit de vérifier l’humidité de l’air ambiant tous les matins, puis de démarrer le ventilateur manuellement. Si dans votre région, vous devez récolter plus tard et que les journées d’automne ne se portent pas au séchage par ventilation, vous pouvez vous procurer de petites unités de séchage, que l’on installe à l’entrée du ventilateur et qui sèchent à basse température.

Jacques Dion suggère aussi aux producteurs de se procurer un humidimètre. Cet outil, qui coûte environ 1000 $, permet de suivre de près le taux d’humidité dans le silo. Si à chaque année, vous stockez pour plus de 100 000 $ de grains à la ferme, voilà une bonne dépense pour s’assurer que votre récolte ne se dégrade pas en attente d’être vendue.

« Dans l’orge de brasserie, plusieurs producteurs sont pénalisés parce qu’ils livrent un grain à plus de 14 % d’humidité. Perdre 15$ la tonne sur 100 tonnes, c’est beaucoup d’argent! » Imaginez ce que vous perdez quand les toxines s’en donnent à coeur joie dans le silo!