5 points pour préparer le transfert avec succès

Publié: 14 avril 2015

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Le transfert entre générations est loin d’être simple. Au Canada, 99,9% des fermes sont détenues par des familles. De celles-ci, seulement 30% seront transférées à la seconde génération, 15% ira à la troisième et seulement 5% passera entre les mains de la quatrième.

Consultant en transferts, le Dr. John Fast, qui se qualifie de « docteur des entreprises familiales », explique que le réel défi n’est pas légal ou financier. Il est plutôt relationnel. Les conflits détruisent les entreprises détenues par des familles.

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Pour faciliter la transition, John Fast recommande aux familles de développer cinq habitudes :

  1. Définir une vision commune du succès

La première chose que John Fast demande à ses clients est d’arriver avec une vision commune de ce qu’est le transfert. Il n’est pas nécessaire que ce soit très développé, comme celui d’une grande compagnie. L’important est que ce soit commun : tous doivent être inclus pour que ce soit un succès.

Voici un exemple de succès d’une famille qu’il a aidée, telle que défini par la mère : « Chacun est heureux de venir au repas de Noël chaque année. » Voilà un transfert dans lequel tout le monde est en bons termes. John Fast recommande de prendre l’habitude de discuter et de redéfinir la vision commune, idéalement des années avant le retrait des propriétaires.

  1. Éviter la confusion dans les rôles

Les entreprises familiales sont complexes. Dans une famille comptant plusieurs frères et sœurs travaillant ensemble avec leurs parents, il arrive des situations dans lesquelles une personne est à la fois père et patron, ou un membre de la fratrie est le patron de d’autres membres de la famille. Ceci peut créer des conflits dans lesquels les décisions impersonnelles dégénèrent en conflits personnels.

Dans une conférence sur le sujet, John Fast a donné l’exemple d’un père qui a annoncé à ses enfants que le quatrième prendrait la succession des autres. Pour éviter cette situation douloureuse pour la famille, le père aurait pu rencontrer ses enfants pour discuter avec eux de ce qu’il pense être le mieux pour le futur de la ferme au lieu de leur faire une annonce de gestionnaire. Il aurait ainsi tenu compte des deux rôles qu’il occupe dans la famille.

  1. Respecter les choix de chacun

Un important frein à la planification du transfert est de ne pas respecter les choix de chacun. C’est une des sources majeures de ressentis dans les familles, en particulier entre les membres de la fratrie qui ont laissé la ferme et maintenant que le transfert est discuté, ils espèrent une partie de l’entreprise.

L’échec du respect est mutuel : la fratrie qui a quitté n’apprécie pas que leur décision a impliqué un sacrifice, et les autres n’apprécient pas que la fratrie fait toujours partie de la famille. Le partage n’est pas évident et doit donc faire partie de la discussion entourant le transfert. Ces conversations, comme les autres doivent être entreprises tôt.

  1. Préparez le ou les propriétaires à la transition

La difficulté qu’a un fondateur d’entreprise à laisser ses occupations est un problème que vit tout type d’entreprise, mais c’est un gros problème sur les fermes familiales. Se retirer veut dire laisser le contrôle, ce qui peut être très difficile pour une personne qui a travaillé fort toute sa vie à bâtir une entreprise florissante. Ils peuvent être inquiets que leurs enfants détruiront ce qu’ils ont bâti. Encore pire, ils ont peur que leur enfants auront plus de succès qu’eux-mêmes.

Pour bien réussir le transfert, John Fast recommande de les encourager à cultiver des passions à l’extérieur du travail bien avant la retraite. Il recommande aussi de leur garder un bureau pour leur donner un endroit où aller, ce qui leur donnera le sentiment qu’ils ne sont pas complètement partis de l’entreprise. Finalement, il faut encourager les retraités à voir les succès de leurs enfants comme les leurs : la preuve qu’ils ont réussi leur éducation.

  1. Cultiver la confiance par la communication

Les bonnes relations découlent d’une bonne communication. L’habitude ultime à cultiver est de développer l’habitude de communiquer aux membres de la famille ce à quoi on croit et ce qu’on ressent. Ce ne sont pas les conflits qui tuent les personnes ou qui les rendent malades de stress, mais c’est plutôt d’éviter les conflits en raison de la peur. Des conflits peuvent restés enfouis pendant tellement longtemps qu’ils finissent pas éclater et blesser tout le monde, alors qu’ils auraient pu être réglés des années auparavant. Tous les membres de la famille doivent dès aujourd’hui commencer à développer l’habitude d’être ouvert aux autres sur ce qu’ils ressentent et ce qu’ils pensent de la famille et du transfert avant le grand jour.

Source : AgCanada

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.