Avez-vous remarqué que dans la grande majorité des formations pour en apprendre un peu plus sur une culture, on retrouve régulièrement la description des exigences de sol de base pour s’assurer de réussir?
C’est rare qu’on parle d’une culture qui aime les sols mal drainés, pauvres, susceptibles au croutage de surface. On parle plutôt de sol fertile, profond avec un bon drainage. Côté Ph, c’est partagé un peu plus dépendamment des cultures, mais une fois qu’on se branche sur des cultures qui aiment les ph bas, on doit en tenir compte pour les cultures suivantes qui devront elles aussi tolérer le même genre d’environnement.
Dernièrement, on a beaucoup parlé d’étalement urbain en souhaitant que les futurs développements cessent de s’étendre constamment tout en privilégiant des développements sur des sols jugés pauvres agronomiquement. La question : c’est quoi un sol pauvre? Et on se base sur quoi? Partout dans le monde, l’agriculture s’est développée localement en s’adaptant aux conditions particulières locales. À l’extrême, on ne peut que s’émerveiller devant l’ingéniosité des agriculteurs en Chine qui ont construit un système de culture du riz en pleine montagne et qui fonctionne depuis l’Antiquité.

Chez nous, on a un bloc de terre très pauvre, sableux, 15 cm de terre brune sur un fond pâle, facilement érodable par le vent, faible taux de matière organique avec une description pédologique à faire peur. Limitation : basse fertilité, mal drainé.
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Les sols ici se sont formés à partir d’un matériau sableux déposé en placage mince sur un matériau argileux. Ils se retrouvent généralement dans la plaine de la vallée du Saint-Laurent en amont des deltas ou le long des basses terrasses fluviales. La pente varie de 1% à 3 %. Ces sols sont principalement utilisés à des fins agricoles. Cependant, une partie de ceux-ci demeure sous couvert forestier.
Hey des terres pas bonnes juste derrière le village existant! « Yes! On peut promoter là-desssus. » NON! Pourquoi? Parce que depuis qu’on protège ce sol, qu’on a arrêté de le brasser et qu’on y laisse des résidus, ce sol est maintenant performant. On y a récolté notre record de 8,5 t/ha en pois vert il y quelques année et d’excellents rendements en blé hiver. Donc un sol pauvre à la base peut très bien nourrir localement s’il est cultivé avec richesse et respect. Il n’est surtout pas question de mettre du bitume là-dessus! Fier de nourrir nos gens. Profession agriculteur.