Comme si c’était une tâche ingrate. Une tâche qu’on doit terminer coûte que coûte avant une certaine date. Un peu comme si c’était une date butoir après laquelle on traverse du côté obscur annonçant automatiquement une saison désastreuse. Effectivement, plusieurs cultures exigent d’être semées tôt si on veut s’assurer du meilleur potentiel de rendement pour celles-ci. Mais trop tôt n’est pas mieux non plus! Décider de semer ou non n’est pas seulement une affaire de date, mais une affaire de conditions de sol et en rapport avec les particularités de chacune des cultures.

Étant donné qu’on a une ferme spécialisée en cultures, on a décidé d’étaler nos périodes de semis en semant différentes cultures qui s’intègrent dans des fenêtres différentes de semis. Ça nous permet de partager les risques et d’avoir besoin d’équipements plus légers qui travaillent sur une plus longue période. Ça se reporte aussi du côté des récoltes qui s’étalent dans le temps et qui nous permettent d’éviter des investissements sur de plus gros équipements. Moins de capitalisation, équipement mieux amorti, baisse des coûts et amélioration des revenus de récoltes par rapport au coût de machinerie. D’où l’idée du blé d’hiver qui se sème en septembre, le blé de printemps très tôt en avril, suivi du canola, du maïs-grain, du soya, des pois verts, des haricots secs en fin mai et début juin.

En fait, nos semences sont loin d’être terminées. Comme je dis souvent à la blague, ce n’est qu’un début. On devrait terminer nos haricots roses aujourd’hui. Ensuite, semis de nos cultures fleuries de lin et de sarrazin. Une dizaine de jours plus tard, on va s’affairer aux semis des intercalaires dans notre maïs-grain. Le temps de nourrir et de s’occuper un peu des cultures qui poussent et on va recommencer à semer en mi-juillet au fur et à mesure que Gertrude va progresser dans la récolte de blé d’hiver qui s’annonce très bonne. Ça demande beaucoup de planification et d’organisation, mais, au final, on se retrouve en plein sur notre X. Semer à tout vent et parfois le vent dans la face : pour récolter, nourrir et pourquoi pas semer pour la pérennité. C’est notre profession : agriculteur!
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