Raconter 40 ans en 120 minutes

Il y a une grande différence entre la connaissance et la façon qu’on applique cette même connaissance

Publié: 13 décembre 2022

,

Ça se passe souvent entre celui qui pitonne sur le clavier et l’écran.

Je me sens vraiment privilégié d’avoir la possibilité de partager notre parcours d’agriculteurs aux futurs agronomes de l’Université Laval. Malgré les deux heures de route à faire, c’est beaucoup plus stimulant en présentiel. Ça me permet de voir leur non-verbal. Rien de payant en dollars sonnant là-dedans, mais payant en valeur de transfert de connaissances. On me donne 100 minutes pour discuter avec eux. Limite que j’ai souvent tendance à étirer un peu, si on ajoute les questions. Tant que je n’en vois pas un pitonner sur son cell ou carrément commencer à regarder la porte de sortie, je me dis que j’ai un peu de jeu.

C’est fou comment notre cheminement des dernières années progresse. Je regarde la dernière présentation que je leur ai préparé en 2020 et je ne peux pas m’empêcher d’ajouter les dernières observations des deux dernières années. À la limite, ma présentation 2020 a pris de l’âge! Supprime ici, ajoute par là et, au final, le visuel augmente. Considérant que chaque image vaut mille mots, aussi bien les présenter et passer un peu plus rapidement dessus. Je n’ai pas la prétention de leur en apprendre sur leur profession, mais j’en ai plutôt à partager sur notre façon de voir les choses sur notre ferme.

Il y a une grande différence entre la connaissance et la façon qu’on applique cette même connaissance. Aller encore plus loin en métissant nos champs de compétences. Viser l’équilibre ne se fait pas du jour au lendemain. C’est un processus qu’on doit planifier, appliquer et apporter les ajustements en cours de route, en gardant toujours en tête notre objectif de départ. Décloisonner nos calculs sur fichiers Excel pour mieux les fusionner dans un système qui nous rend plus productif. Et plus le système fonctionne, plus on observe les bénéfices de notre système. Difficile de savoir ce qu’ils en retiendront. Ça se passe souvent entre celui qui pitonne sur le clavier et l’écran. Jusqu’où peut-on pousser nos connaissances afin de favoriser l’innovation dans notre processus de production? 

À lire aussi

Le blé d’hiver est resté debout.

Nos champs changent

Il suffit de partir cinq jours de la ferme en pleine canicule pour réaliser à notre retour que les champs ont énormément progressé.

En partant, je constate qu’au départ c’est toujours plus difficile de dire oui. Oui, ça veut dire faire un effort de plus, changer des choses, mettre du temps pour s’adapter au changement pour pouvoir aller plus loin. Non, c’est facile et réconfortant, car ça nous ramène à ce qu’on connaît. À la limite, on serait peut-être déjà un pays souverain si la question référendaire aurait exigé un non! De mon côté, j’ai surtout partagé les avantages d’avoir dit oui au changement et à l’innovation. Ça nous permet d’avoir une ferme actuelle, productive, rentable avec des bénéfices environnementaux de haut calibre. La biodiversité, ça se cultive. C’est important de la partager. Profession agriculteur.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.