Les organisateurs du Gala du mérite économique de la région m’avaient demandé de faire un genre de « peptalk » sous le thème « entreprendre, c’est du sport ». Pour ceux qui me connaissent un peu : réussir à contenir un sujet en moins de trois minutes… c’est déjà du sport! Après un moment d’hésitation, j’ai finalement accepté en me disant que ce serait une belle soirée et que j’aurais l’occasion de rencontrer des gens. Puis surtout, d’applaudir les trois fermes finalistes dans le volet « entreprise agricole ».
Donc j’ai connu une évolution d’un certain stress pendant toute la journée de samedi. Stress que je ressens beaucoup moins intensément quand je me retrouve avec un groupe d’agriculteurs. trices.
J’ai donc stressé toute la soirée avant d’enfin faire mon fameux « peptalk » de trois minutes que je crois avoir bien réussi. Fiou! Ma job est faite (sans savoir la surprise qu’on me réservait). Il ne me restait qu’à continuer à apprécier la soirée sans aucune pression.
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Quand il y a plus de sièges disponibles que d’opérateurs
Dans certaines périodes intenses, comme celle-ci, on a l’impression qu’il y a plus de tâches que de ressources humaines. Tout devient une gestion des priorités.
J’ai pu me lever et applaudir les gens de la ferme Sainte-Victoire, grands gagnants dans la catégorie agriculture. J’ai eu une certaine émotion lorsqu’ils ont pris la peine d’exprimer leur reconnaissance pour les échanges d’idées qu’on partage à l’occasion. Ma soirée était parfaite et voilà qu’à la toute fin du gala s’ajoute ce prestigieux prix qui m’a littéralement jeté par terre. Un prix qui ne m’avait jamais traversé l’esprit. Grand bâtisseur.
C’est un prix prestigieux que j’ai accueilli avec surprise. On n’a pourtant rien construit d’exceptionnel en nombre de pieds carrés, on n’a pas une ferme de grande envergure, pas beaucoup d’employés, rien qui de l’extérieur pourrait valider notre nomination.
Par contre, je crois qu’on a bâti un certain savoir-faire en innovation qu’on partage sans cachette à différents endroits quand on en a l’occasion. Je crois aussi qu’on a créé des liens d’échanges avec les gens du milieu agricole et aussi avec les citoyens en se donnant comme mission de vulgariser notre quotidien agricole et les nombreux défis qu’on relève trop souvent dans l’ombre.
On a su prendre une longue démarche d’amélioration de l’ensemble de notre système de production afin d’arriver à des bénéfices environnementaux de grande valeur tout en favorisant une résilience économique de la ferme. On a bâti un chemin différent afin de réussir à rendre notre ferme rentable en fonction de nos capacités et de l’endroit d’où on est parti.
J’en ai déjà parlé, mais on ne serait plus en agriculture aujourd’hui si on avait pris la route standard. C’est ça! On a bâti une autre route qui peut servir d’exemple à ceux que ça intéresse. Je me sens toujours privilégié et je réponds chaque fois qu’un agriculteur me contacte pour de petits conseils.
Je n’ai rien à vendre, mais j’ai du bagage de connaissance à passer au suivant. La future relève n’a pas seulement besoin de gros financements. Elle a besoin de soutien technique et moral des agriculteurs déjà actifs. Ceux-ci auraient un peu plus avantage à les soutenir que de renchérir sur la terre que la jeune relève essaie d’acquérir. C’est un peu ça qu’on a bâti.
Cette soirée du Gala économique m’a fait vivre un moment magique. Je dis merci même si j’en n’ai pas dormi de la nuit.
Profession agriculteur
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