France : le revenu des céréaliers a baissé de 38,7% en cinq ans

Publié: 3 juin 2002

France, 29 mai 2002 – Le congrès des céréaliers (AGPB) s’ouvrira les 5 et 6 juin à Blois dans un climat de grogne hérité d’une situation inédite. L’Union européenne est en effet devenue pour la première fois importatrice nette de blé. Les producteurs doivent faire face à une concurrence redoutable des blés d’Ukraine et de Russie, qui entrent à des prix de 20à 30% inférieurs à ceux que pratiquent les opérateurs français. Les plaintes des ministres français auprès des instances communautaires n’y ont rien changé et l’AGPB crie au «lâchage des gestionnaires de marché de Bruxelles». La modulation des primes, qui peut amputer les aides directes aux céréaliers jusqu’à 20% pour les plus gros d’entre eux, a contribué à la dégradation des comptes. Ce principe destiné à financer des actions de développement du monde rural vient d’être suspendu par le nouveau locataire de la rue de Varenne, Hervé Gaymard. Mais l’ «heureuse décision» ne suffira pas à redresser «la situation catastrophique» des céréaliers français. Leur revenu a baissé de 38,6% en cinq ans, affirme leur président, Henri de Benoist. Le résultat courant des exploitations céréalières après amortissement et avant cotisations sociales s’est élevé à 9150euros pour les exploitations de 100hectares en 2001. «Cent hectares dégageaient donc un revenu inférieur au Smic», a insisté le président de l’AGPB. Les créances à court terme des coopératives sur leurs adhérents ont augmenté de 50% depuis l’année dernière et les organismes stockeurs vont presque tous terminer la campagne «dans le rouge».

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Seule solution : le rétablissement de la préférence communautaire. Aucun grain de blé ne devrait entrer à moins de 155euros la tonne, si les accords de Marrakech étaient respectés. Très inquiets à la perspective des discussions de mi-parcours sur les accords de Berlin, normalement prévues le 18juin et reportées d’au moins un mois, les céréaliers demandent qu’«on ne touche pas à l’agenda 2000». Ils refusent en particulier d’abandonner le premier pilier de la Pac (aides au marché) au profit du second pilier (développement rural). Surtout au moment où les Etats-Unis viennent d’augmenter les aides directes à l’agriculture de 70% sur les dix prochaines années. Les producteurs américains ont désormais une garantie de prix de 118francs le quintal sur le blé. Le Farm Bill donne à l’Europe un formidable argumentaire dans les négociations internationales. Saura-t-elle l’utiliser ? A-t-elle la volonté politique de préserver les intérêts de l’agriculture ? s’est-interrogé M. de Benoist, qui voit dans l’élargissement à l’est une raison de plus pour consolider la politique communautaire. Faute de quoi «l’UE se transformera en zone de libre-échange».

Source : Les Échos