Depuis le 1er mai, l’organisme Au cœur des familles agricoles (ACFA) accueille une nouvelle directrice, Jessica Chouinard. Elle remplace Samuel Gosselin qui a été en place de 2022-2024. Cette arrivée coïncide avec la nomination de Maryse Lecavalier en février 2025 en tant que présidente du conseil d’administration.
L’ACFA a connu des années plus difficiles dernièrement, qualifiées de « moments de turbulence » par la direction. « Il y a eu beaucoup de changements en peu de temps. L’ACFA a grandi rapidement, comme on dit l’avion s’est construit en plein vol. On veut prendre le temps maintenant de stabiliser les choses », indique Maryse Lecavalier. Pour Jessica Chouinard, son rôle pour le moment est de se faire rassurante et mobilisante, tout en solidifiant la base. « Nos équipes ont besoin de se réunir. »
Provenant du monde du travail social, la nouvelle directrice a œuvré, avant d’arriver à son nouveau poste, dans une maison d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, spécialisée auprès des femmes issues de l’immigration. Elle dit avoir été attirée par le volet provincial de l’organisme qui est présent dans dix régions du Québec et qui compte sur 18 travailleuses de rang. C’est sans oublier la maison de l’ACFA à Saint-Hyacinthe qui offre un service de répit gratuit. Le milieu et ses valeurs plus traditionnelles, centrées sur la famille, a été un autre incitatif pour elle. « On ne pourrait pas non plus trouver une équipe plus passionnée par leur travail que l’équipe en place et les travailleuses de rang », a ajouté la directrice.
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Les prochaines années seront importantes, jugent les membres de la direction de l’ACFA. Elles souhaitent développer la portée de l’organisme avec l’équipe « extrêmement formée » en place. Elles misent aussi sur la « tonne de partenaires » sur qui elles peuvent compter, à commencer par les membres eux-mêmes qui soutiennent fidèlement l’ACFA.
Parmi les projets sur la table, Maryse Lecavalier et Jessica Chouinard aimeraient donner plus de vie à la maison de Saint-Hyacinthe pour en faire profiter davantage la communauté, par exemple pour aider plus de gens avec les services qui sont offerts par l’ACFA. Les formations de sentinelles sont d’ailleurs toujours disponibles. Elles souhaiteraient également faire mieux connaître l’ACFA.
Jessica Chouinard voit d’ailleurs un potentiel à exploiter puisque le milieu agricole reste méconnu du grand public. Dans la même veine, on souhaite conscientiser d’autres professionnels et spécialistes au milieu, comme les pharmaciens ou les policiers. La directrice indique que si certaines situations étaient mieux connues, comme le travail bénévole, l’absence de garderie adaptée ou les congés parentaux inexistants, elles seraient dénoncées par la population comme étant inacceptables et le secteur recueilleraient plus de soutien. Pour Maryse Lecavalier, les gens aujourd’hui reconnaissent mieux l’apport des agriculteurs, par exemple le fait qu’ils nourrissent les gens quotidiennement, mais du travail reste à faire.
Le travail terrain tend aussi à changer. Si les tabous entourant la maladie mentale et le besoin d’aide ponctuelle tendent à être mieux acceptés, les besoins changent dans le milieu, comme dans le reste de la société. L’ACFA a vu les problèmes reliés à la sexualité être davantage discutés et dénoncés, que ce soit par rapport au harcèlement ou la violence conjugale. L’équipe développe des outils pour faciliter la discussion. Les questions entourant les jeunes, les transferts de fermes ou la drogue font aussi partie des réalités sur lesquelles l’ACFA voudrait apporter de soutien.
Le financement de l’organisme demeure un défi. À ce niveau, la directrice déplore les coupes du gouvernement dans la santé mentale s’adressant aux hommes. Avec son expérience en soutien aux femmes, elle juge que l’aide accordée aux hommes donne une plus-value et fait une différence. « C’est important d’agir auprès de tout le monde, que ce soit les hommes ou les femmes, et ce l’est encore plus pour des organismes comme l’ACFA ».
Jessica Chouinard rappelle que les services de l’ACFA sont gratuites et ouverts à tous les producteurs, ainsi que leurs familles. En plus des travailleuses de rang, une ligne d’aide est disponible du lundi au samedi, de 8h00 à 20h00, que ce soit pour soi-même ou un proche. Les activités du groupe sont également disponibles sur leur page Facebook.
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