L’organisme Au Cœur des familles agricoles (ACFA) n’a pas encore les chiffres sous la main pour le bilan de mi-année, mais on s’attend à une hausse des appels enregistrés par rapport à l’an dernier. Alors que d’habitude, les producteurs sont en mode solution en été et attendent la fin de saison pour s’occuper d’eux, 2023 fait exception à la règle, explique Samuel Gosselin, nouveau directeur général de l’ACFA depuis juillet. « Ça n’a pas ralenti beaucoup cet été », dit-il. Il s’attend à ce que les données montrent une hausse du volume d’appels par rapport à 2022, une année affichant elle-même une augmentation de 20% sur l’année précédente.
Les producteurs sont aux prises avec une multiplication d’événements sur lesquels ils ont peu ou pas de prises. La guerre en Ukraine, la grève au port de Vancouver, les inondations, les feux de forêt ou encore les gels tardifs ont multiplié les défis et les problèmes, avance Samuel Gosselin. Heureusement, l’ACFA a recommencé à faire des interventions à la ferme depuis environ un an, ce qui fait une différence, mais la pression commence à être forte sur les 12 travailleuses de rang que compte l’organisme.
Les gens appellent pour des raisons multiples, mais principalement sur des sujets entourant les questions financières, les transferts de ferme ou encore les communications avec les différents partenaires. Certains remettent aussi en question leur parcours professionnel à la lumière des difficultés des dernières années.
À lire aussi

Le monde agricole déçu des engagements du gouvernement Legault
Les promesses agroenvironnementales et la tarification carbone ne sont pas à la hauteur des attentes de l’UPA et des Producteurs de grains du Québec. Entrevue.
Si les travailleuses de rang ne peuvent intervenir directement auprès des banques, par exemple, elles peuvent toutefois conseiller et accompagner les producteurs dans leurs relations avec elles. La même chose est vraie pour les personnes songeant à quitter la profession. « C’est possible de laisser le métier de manière sereine, même si c’est souvent le travail d’une vie ou de plusieurs générations », croit Samuel Gosselin. L’aide est aussi accessible aux retraités ou en processus de retrait des activités de la ferme.
Le directeur rappelle que les travailleuses de rang sont formées et sont toutes au fait de la réalité du travail agricole. Le service est également gratuit, même pour les retraités.
Les travailleurs associés au travail agricole, tels que les vétérinaires, les agronomes ou les mécaniciens, peuvent aussi agir comme sentinelle. Ces derniers jouent un rôle de plus en plus important en référant des gens aux services de l’ACFA, en agissant par exemple comme intermédiaire. Certains ordres professionnels, comme l’Ordre des agronomes du Québec, reconnaissent aussi la formation donnée comme sentinelle parmi les heures demandées à la formation à faire durant l’année, ce qui peut ainsi faire d’une pierre deux coups, indique le gestionnaire.
Il reste d’ailleurs encore du travail à faire pour mieux faire connaitre l’ACFA qui est bien connu de certains milieux, mais moins auprès d’autres secteurs. Les maraîchers, par exemple, connaissent peu la nature de l’organisme et de l’aide offerte, un fait devenu apparent dernièrement.
Samuel Gosselin indique par ailleurs que l’ACFA sera présente à Expo-Champs. Elle offrira deux présentations au pavillon Desjardins en plus d’être sur place pour échanger autour d’un café aux services de comptoirs alimentaires en début de journée.
Enfin, le service de l’ACFA est disponible du lundi au samedi, de 8h00 à 20h00. La ligne (450 768-6995) est redirigée en dehors de ces heures vers les lignes de services sociaux ou de prévention au suicide. « À la ferme, on a des experts pour tout, mais comme producteur agricole, on en vaut aussi la peine », conclut Samuel Gosselin.