Luxembourg (France), 28 juin 2002 – La France a ouvert la voie à un bras de fer avec Bruxelles et certains de ses partenaires européens, dont l’Allemagne, en rappelant qu’elle était fermement opposée à un bouleversement rapide de la Politique agricole commune (PAC).
Lors d’une réunion à Luxembourg des ministres européens de l’Agriculture, Paris a revanche obtenu un répit supplémentaire pour lever l’embargo sur le boeuf britannique: la Commission européenne s’est dite prête à lui accorder un délai supplémentaire, pour autant que Paris justifie dans les deux semaines les raisons de son retard.
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Présentant sa position sur la PAC, le ministre français Hervé Gaymard n’a pas cédé un pouce de terrain, refusant que la révision de la PAC prévue cette année soit utilisée « pour faire une réforme qui n’est pas l’agenda ».
Il a affirmé jeudi que son pays était « tout à fait disposé à un débat de fond » sur la PAC « mais à partir de 2004 » seulement. « Il n’est pas du tout dans notre intention de faire l’autruche, de mettre la tête dans le sable et de refuser de regarder les choses », a-t-il déclaré.
M. Gaymard a estimé que le processus de révision resterait de toute façon « bloqué jusqu’au 22 septembre », date des élections législatives allemandes.
Les Quinze sont profondément divisés sur la révision de la PAC prévue pour avant la fin de l’année, à mi-chemin de l’agenda arrêté fin 1999 pour la période 2000-2006.
La France refuse toute modification majeure. L’Allemagne et d’autres pays comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou le Danemark souhaitent réduire les coûts de cette politique qui absorbe plus de 40% du budget communautaire.
Le commissaire européen à l’Agriculture Franz Fischler doit dévoiler le 10 juillet un projet de révision qui, sans réduire les aides aux agriculteurs des Quinze (45,5 milliards d’euros par an en moyenne sur 2000-2006), proposera pour la première fois de les plafonner et de les découpler du niveau de production.
Selon une source communautaire, Bruxelles veut aussi réaffecter progressivement 20% des aides directes aux exploitants vers des aides au développement rural dont la Commission assurerait la gestion, et baisser de 5% les prix d’intervention sur les céréales, en les compensant par une « hausse des paiements » aux céréaliers.
La ministre allemande Renate Kuenast a estimé jeudi que ce projet, qui vise à réorienter la PAC d’une logique productiviste vers une ligne plus écologique, allait « dans la bonne direction », mais indiqué vouloir « examiner dans le détail l’addition ». Son homologue britannique, Margaret Beckett, a abondé dans son sens.
M. Gaymard a réaffirmé au contraire son opposition à une « dégressivité » ou « une réduction progressive des aides » directes, ainsi qu’à « la communautarisation » de l’aide au développement rural.
A l’approche d’un nouveau conflit au sein du couple franco-allemand, Paris peut espérer l’appui d’alliés traditionnels sur les questions agricoles comme l’Espagne ou le Portugal.
« Si vous voulez diviser les pays entre ceux qui veulent démanteler la PAC et ceux qui ne le veulent pas, le Portugal ne le veut pas », a prévenu le ministre portugais Armando Sevinate Pinto.
Le ministre espagnol Miguel Arias Canete a prédit « un débat très difficile » et « très long » dans les mois et « l’année à venir », en voyant dans le projet de Bruxelles « une réforme majeure » à étudier avec « beaucoup de prudence ».
Le budget de la PAC a représenté en 2001 43,6 milliards d’euros, dont 9,4 milliards alloués aux agriculteurs français, 6,8 milliards aux Espagnols, 6,2 milliards aux Allemands et 4 milliards aux Britanniques.
Source : AFP