Les agriculteurs européens en colère

La multiplication des normes, de la bureaucratie et des coûts ont mené les agriculteurs dans la rue

Publié: 30 janvier 2024

Les agriculteurs français ont bloqué des routes en février 2024.

Le mouvement de contestation des agriculteurs, qui avait débuté en Allemagne, s’est propagé à la France dans les dernières semaines. Plusieurs sujets reviennent dans les demandes dont le prix du carburant et les normes environnementales de la Commission européenne, en plus de demandes plus localisées.

Les agriculteurs en ont gros sur le cœur sur la réforme du diésel agricole qui prévoit la fin en 2026 d’une réduction dont ils bénéficient. En Allemagne, le gouvernement a accepté d’étaler le retrait de la réduction.

Les revendications en France s’adressent en général à l’augmentation des coûts de production, dont le diésel, mais concernent également les obligations de l’Union européenne demandant depuis 2023 qu’une partie des terres arables (4%) de chaque entreprise agricole soit mise en jachère dans le but de préserver la biodiversité. La mesure doit être appliquée pour bénéficier d’aides européennes dans le cadre de la politique agricole commune (PAC).

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Le mouvement est toutefois plus large puisque des blocages de routes se produisent depuis plusieurs mois en Pologne. Les producteurs agricoles dans le pays manifestent contre la concurrence ukrainienne dont les céréales se retrouvent à des prix tronqués depuis le début de la guerre en 2022. Le même discours est repris en Roumanie, en Slovaquie, en Hongrie ou en Bulgarie. L’Union européenne a suspendu en mai 2022 les droits de douane sur tous les produits importés d’Ukraine et a créé des « corridors de solidarité » pour permettre de faire passer les céréales ukrainiennes par voie terrestre puisque l’accès à la mer Noire est devenu extrêmement limité depuis le début du conflit. Toutefois, beaucoup de denrées ont fini par s’accumuler chez ses voisins européens, causant la grogne chez les producteurs face à cette concurrence.

Au Royaume-Uni, des producteurs de fruits et légumes ont manifesté la semaine dernière devant le Parlement. Ils protestent contre les contrats d’achats qui les lient aux grands distributeurs estimés injustes. Ils croient que seule une régulation imposée par le gouvernement britannique pourrait permettre aux agriculteurs d’obtenir de meilleurs contrats, des revendications qui ressemblent à celles des producteurs d’ici qui réclament un code de conduite entre fournisseurs et détaillants.

La contagion pourrait toucher d’autres pays en Europe, dont l’Italie et l’Espagne, selon des propos de la présidente du Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne, Christiane Lambert, rapportés par le journal La Tribune.

La contestation dans le monde agricole européen a débuté bien avant avec l’élection en mars 2023 aux Pays-Bas du parti politique Mouvement agriculteur-citoyen (BBB). Un projet gouvernemental de faire baisser les émissions d’azote en réduisant le cheptel avait poussé des milliers d’agriculteurs néerlandais à manifester.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.