Plerin (France), 12 août 2002 – Les éleveurs de porc bretons commencent à craindre d’avoir à mettre la clef sous la porte en raison d’une nouvelle crise qui les oblige à vendre à perte depuis six mois sans accalmie en cette saison estivale, en principe favorable à la consommation.
Le cours du porc, en baisse constante depuis le 4 juillet, a enregistré lundi une cotation à 1,012 euros, en hausse de 0,001 euro par rapport au précédent cours, au marché au cadran de Plérin (Côtes-d’Armor), qui sert de référence nationale.
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Samedi, les éleveurs ont entamé leur premières actions coup de poing en Bretagne en vendant des côtelettes et des chipolatas à prix coûtant sur les parkings de grandes surfaces. « Le coût de production, selon les chiffres des centres comptables, est aujourd’hui à 1,40 euro le kg et le cours du porc est en moyenne à 1,226 euro depuis le 1er janvier », a expliqué Jean-Pierre Joly, directeur du Marché du porc breton (MPB, marché au cadran).
« Le contexte est alarmant, on craint de tomber à 1 euro le kg », a poursuivi Jeff Trebaol, vice-président de la Fédération porcine de France, et président de la section porcine à la FDSEA du Finistère. Selon lui, la première cause de l’effondrement des cours est à chercher dans les débouchés à l’exportation. En mars 2001, tandis que deux cas de fièvre aphteuse étaient décelés sur le sol français, les autorisations à l’exportation avaient été levées.
Par ailleurs, le sursaut des ventes enregistrées après la crise de la vache folle s’essouffle. « La viande bovine a retrouvé son niveau de consommation donc les arguments qui permettaient au cours du porc d’être cher l’an dernier ne sont plus valables », fait valoir le directeur du MPB.
Mais l’objet principal de la protestation demeure la grande distribution. Selon des chiffres établis par l’Observatoire économique des prix de la filière porcine, les marges engrangées par le circuit de distribution sont passées entre 1994 et 2002 de 1,22 à 2,13 euros. En principe, la saison estivale est propice à une augmentation des ventes de viande de porc. En vacances, les consommateurs sont en effet moins regardants sur les prix et apprécient les vertus du barbecue. Mais là, « les prix sont excessivement chers, les consommateurs achètent moins, se reportent sur la volaille et le boeuf », expose M. Joly.
M. Trebaol parle de son côté d’une baisse de 8 % de la consommation au premier trimestre 2002 et rappelle les efforts entrepris depuis un an par la filière en terme de traçabilité entre autres pour satisfaire aux réclamations de la grande distribution. « Les éleveurs n’ont pas eu le temps de se refaire une santé après la crise de 1998-1999, dont beaucoup sont sortis avec un endettement à plus de 80 %. Les exploitations sont en situation économique très fragile si la crise dure », déplore en outre le syndicaliste.
Source : AFP