Nouveau cadre stratégique agricole : l’UPA refuse la médecine de force du fédéral

Publié: 29 mars 2003

Longueuil (Québec), 27 mars 2003 – « Tant que le nouveau programme canadien de sécurité du revenu ne rencontrera pas les besoins des producteurs d’un océan à l’autre et tant qu’il n’offrira pas la flexibilité nécessaire pour fonctionner en synergie avec les programmes provinciaux, il est hors de question de mettre en place le nouveau Cadre stratégique agricole (CSA) que le fédéral essaie d’imposer unilatéralement! Nous disons non à cette médecine de force! »

C’est en ces termes que le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), M. Laurent Pellerin, s’est adressé aujourd’hui aux membres du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes.

« La proposition du gouvernement fédéral au regard de la sécurité du revenu a été élaborée sans tenir compte des besoins et des demandes des agriculteurs, a-t-il plaidé. Les producteurs, et ce, à travers tout le pays, sont unanimes et déterminés à obtenir qu’on repousse d’un an l’entrée en vigueur du nouveau CSA, qui met carrément en péril les outils et les programmes financiers agricoles des provinces ».

Rappelons, selon l’accord fédéral-provincial de Whitehorse (juin 2001) qui jetait les bases d’un nouveau plan d’action national en agriculture, que le gouvernement canadien reconnaissait clairement la nécessité de s’appuyer sur les programmes provinciaux de protection du revenu agricole et non pas d’en réduire leur portée. Il s’engageait également à respecter les compétences et responsabilités des deux paliers de gouvernement et à élaborer une politique en partenariat avec l’industrie. Près de deux ans plus tard, la proposition mise de l’avant est loin de respecter ces engagements.

Dans une lettre adressée au ministre canadien d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, M. Lyle Vanclief, le député libéral et président du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, M. Paul Steckle, a clairement exprimé ses réserves par rapport au nouveau programme fédéral de sécurité du revenu et à sa mise en oeuvre, le qualifiant de « mal conçu ». M. Steckle prévient même qu’« on risque de provoquer confusion et colère chez les producteurs ». Aussi recommande-t-il d’allouer plus de temps afin d’en revoir la structure en tenant compte des préoccupations exprimées.

Le ministre Vanclief laisse entendre que le Québec fait bande à part dans ce dossier. Pourtant, 22 organisations représentant les producteurs et productrices de tout le Canada opposent un refus unanime au CSA et s’évertuent à répéter qu’il faut reporter d’un an la mise en oeuvre du nouveau programme de gestion du risque.

« Dans sa forme actuelle, le CSA est proprement irrecevable! » insiste Laurent Pellerin, qui déplore qu’on fasse perdurer le contexte d’incertitude qui déstabilise déjà le monde agricole et qu’on laisse ainsi les agriculteurs canadiens sans aucune idée des outils de sécurité du revenu dont ils peuvent disposer pour gérer les risques de leur entreprise.

Au Québec, ce climat d’incertitude oblige même de reporter de deux ans l’application de certains programmes québécois de sécurité du revenu (CSRA). L’imbroglio est tel qu’il rend impossible l’harmonisation des programmes fédéraux avec ceux du Québec, ceux-là mêmes conçus à la demande du fédéral!

À cinq jours de la date « fatidique » imposée par le ministre Vanclief pour l’entrée en vigueur du CSA, le président de l’UPA, qui est également vice-président de la Fédération canadienne de l’agriculture, souhaite que le ministre entende enfin la voix unifiée des producteurs et des gouvernements provinciaux qui résonne au même diapason d’un bout à l’autre du pays.

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Agriculture Canada
http://Aceis.AGR.CA/

Cadre stratégique pour l’agriculture (CSA)
http://www.agr.gc.ca/canadaentete/

Union des producteurs agricoles (UPA)
http://www.upa.qc.ca/

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