Nouvel échec des Européens à s’entendre sur les produits agricoles protégés

Publié: 22 août 2003

Bruxelles (Belgique), 18 août 2003 – L’Union européenne a de nouveau échoué à arrêter la liste définitive des appellations de produits agricoles devenues quasi génériques, dont elle souhaite récupérer l’usage exclusif au sein de l’Organisation mondiale du commerce, a-t-on appris de source européenne.

Les experts des Quinze et des dix futurs membres de l’UE, réunis à Genève, ne sont pas parvenus à s’entendre, en raison d’un blocage de la Grèce, qui a obtenu l’inclusion de la feta (fromage) mais pas celles, également réclamées par Athènes, des olives de Kalamata et, si possible, de l’ouzo (alcool anisé).

Une nouvelle réunion, dont la date précise n’est pas encore arrêtée, devrait se tenir dans le courant de la semaine prochaine.

Selon la même source européenne, « tout le monde, à part les Grecs, est prêt à entériner » la nouvelle liste d’une trentaine de produits mise sur la table par la Commission européenne, même si tous les pays n’ont pas réussi à obtenir satisfaction à leurs revendications.

Par rapport à la précédente liste proposée le 25 juillet, la Commission a ajouté lundi plusieurs appellations: le Beaujolais, le « Jerez » ou « Xerez » espagnol, la feta grecque, le Comté (fromage français), le « turron » (nougat) de Gérone et Alicante (Espagne), la mortadelle de Bologne (Italie) et le Queijo Sao Jorge (fromage) portugais.

Elle en a en revanche retiré le jambon de Bayonne (France) et trois fromages: le Stilton britannique, le Danablue (bleu) danois et le Neufchâtel normand, produit dans la région de Neufchâtel-en-Bray (Seine-Maritime).

Le Royaume Uni et le Danemark, réticents à l’égard même du système des appellations, avaient d’emblée proposé fin juillet de retirer le Stilton et le Danablue de la liste européenne.

La France avait fait de même pour le jambon de Bayonne, mais réclamé en contrepartie l’inclusion de sept autres appellations, parmi lesquelles seuls le Beaujolais et le Comté ont été retenus. Paris a fait une nouvelle tentative lundi pour faire ajouter le vin de Saint-Emilion, mais sans succès.

Pour répondre à une préoccupation affichée par l’Espagne et l’Allemagne, la Commission a proposé de protéger les appellations mais aussi leurs traductions.

Les Européens pourraient également retenir à l’avenir des produits des 10 pays appelés à rejoindre l’UE en 2004. La Pologne avait ainsi réclamé fin juillet la prise en compte de sa vodka et son sherry.

Au total, la liste établie à ce jour par Bruxelles comprend une vingtaine de vins et spiritueux, parmi lesquels le champagne, le vin de Bordeaux en général et les crus de Graves, Médoc et Sauternes en particulier, et presque autant de produits alimentaires, dont le jambon de Parme, le parmesan et le roquefort.

L’UE souhaite soumettre sa liste à la prochaine conférence ministérielle de l’OMC du 10 au 14 septembre à Cancun (Mexique).

La protection globale des indications d’origine géographique de produits est l’objet d’une sourde bataille entre l’UE et plusieurs de ses partenaires commerciaux, principalement les Etats-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Outre la récupération de l’exclusivité des appellations génériques d’origine européenne, l’UE insiste pour que le registre d’appellations sur lequel l’OMC planche depuis 1995 pour les vins et spiritueux dans le cadre de l’accord sur la propriété intellectuelle soit étendu aux autres produits.

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Source : AFP