Paris (France), 17 décembre 2004 – Le revenu agricole moyen par actif en France a fortement diminué (-3,7% en termes réels) en 2004 en dépit de bonnes récoltes, après une baisse de 0,8% en 2003, selon les comptes prévisionnels de l’agriculture publiés par le ministère de l’Agriculture.
Après la sécheresse de l’été 2003, qui avait entraîné de faibles récoltes, le volume des productions végétales a fortement augmenté mais leurs prix fléchissent tout comme ceux des oeufs et du lait.
De plus, les prix d’achats des fournitures par les agriculteurs augmentent fortement : +4% pour les engrais, +6,5% pour les aliments concentrés et +8% pour les produits pétroliers. Toutes les catégories d’agriculteurs sont concernées par ces baisses de revenus sauf, paradoxalement, les viticulteurs qui se plaignent d’une crise dans le secteur malgré la vendange abondante et de qualité cette année.
L’explication réside dans le fait que de volumineuses récoltes ne sont pas forcément synonymes de ventes importantes dans l’année et réciproquement, ce qui est particulièrement vrai pour les vins d’appellation, en raison des durées de stockage.
Le revenu des viticulteurs d’appellation augmenterait, selon le ministère de l’Agriculture, de 49%, le plus gros de cette croissance étant imputable au vignoble champenois, dont les ventes des cuvées des années précédentes continuent d’augmenter. Le revenu des viticulteurs sans appellation augmenterait de 18%. Mais sur la période comprise entre 1999 et 2004, la situation reste défavorable avec un revenu par actif de l’ensemble des vignerons en baisse moyenne de 7% par an.
Le revenu agricole des exploitations céréalières spécialisées diminuerait de 7%. Celui des autres unités de grandes cultures reculerait de 18% du fait de la forte baisse des prix des pommes de terre. La récolte 2003 de grandes cultures avait été exceptionnellement faible pour cause de sécheresse. L’année 2004 marque un retour à la normale avec des récoltes qui sont même parfois abondantes.
Dans les exploitations d’élevage bovin laitier, le résultat agricole par actif reculerait de 11% et de 16% dans celles spécialisées en viande. Malgré une récolte de légumes en augmentation, le revenu des exploitations maraîchères baisserait de 14% en 2004. La concurrence internationale pèse sur de nombreux cours comme ceux de la tomate, des concombres ou des carottes.
Le revenu des arboriculteurs fruitiers se stabilise. Les conditions climatiques ont influé sur certains fruits dont les prix, satisfaisants en début d’année, ont fléchi par la suite.
De son côté, l’INSEE indique qu’en 2004, la valeur de la production agricole, au prix de base, s’accroît de 2,4%, soit une hausse de 1,55 milliard d’euros. La progression des volumes produits (+11,1%) s’accompagne d’une diminution sensible des prix (-7,8%). Hors subventions sur les produits, la production agricole n’augmente que de 2,1% en valeur par rapport à l’année 2003.
En 2004, l’excédent du commerce extérieur en produits agroalimentaires atteindrait 8,4 milliards d’euros, soit 300 millions de moins qu’en 2003. Cette régression est due à une croissance des importations (+1,3%) supérieure à celle des exportations (+0,2%). Cette diminution provient des produits des industries agroalimentaires, le solde sur les produits agricoles bruts restant stable. Le déficit sur les fruits s’accentuerait fortement avec une progression de 11% des importations et un recul des exportations.
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Source : AFP