Très jeune, je me souviens encore d’entendre mon père dire : « bon, on y va, la batteuse est arrivée ». Je me souviens que juste entendre le rugissement du moteur à plein régime et le fracassement des épis qui se séparent des tiges de maïs me donnait des frissons. Une fois monté sur l’échelle de côté, accroché à ce que je pouvais agripper, je trippais en regardant la récolte entrer dans le nez.
Ce matin, je suis excité. Tout est en place dans le camion. 8 h : je suis déjà autour de Gertrude. Encore de la rosée, mais j’aime arriver au champ tôt, question de faire le tour et d’avoir le temps de réparer les surprises : carburant, lubrification, vérification mécanique générale. Pendant que je répare les couteaux brisés sur la faux, je commence à sentir le vent qui se lève. Je sens que ça va être une belle journée.
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Nos champs changent
Il suffit de partir cinq jours de la ferme en pleine canicule pour réaliser à notre retour que les champs ont énormément progressé.
Gonflé à l’adrénaline, j’entends dans ma tête la phrase célèbre des débuts de courses américaines. Ladies and gentlemen…start youuuuur combine!
Le 466 « straight pipe » rugit. Et c’est parti mon kiki, on récolte à Saint-Robert! Toutes les réparations semblent tenir. Je vérifie le capteur, quelques ajustements. Du beau blé et en quantité! L’équipe d’Agrocentre arrive pour une pesée officielle : 8260 kg/ha de blé! Yes, on a battu notre record. Je flotte et j’oublie les égratignures qui piquent. Je contemple la masse de blé qui entre tout en observant la zone de variation du capteur. Notre travail enfin récompensé après 11 mois d’efforts et d’attente.
Profession : agriculteur.