Pesticides interdits!

Publié: 18 juillet 2017

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Pesticides interdits!

Depuis le temps qu’on en parle, c’est fait. Le gouvernement dépose son nouveau projet de loi qui restreindra l’usage de certains pesticides. Je me sens assis au banc des accusés et mon ego d’agriculteur est un peu froissé. Comme si ça nous prenait une petite tape sur les doigts pour agir de façon plus responsable.

Pourtant, on a toujours travaillé en amont à différentes étapes du processus de production pour bien réussir notre lutte intégrée des cultures. Essayer d’être plus rusé que les pesticides et les utiliser le plus efficacement possible. C’est facile à compter. Moins on en applique pour le même résultat, meilleur est notre coût de production et meilleure est notre performance environnementale.

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Quand il y a plus de sièges disponibles que d’opérateurs

Dans certaines périodes intenses, comme celle-ci, on a l’impression qu’il y a plus de tâches que de ressources humaines. Tout devient une gestion des priorités.

Depuis 2013, 92 % de nos surfaces sont sans néonicotinoïdes. On fait des arrosages en bandes, des traitements localisés, des rotations des groupes d’actions… Ensuite, c’est le suivi des pulvérisations, les dépistages, les évaluations de différents traitements, etc. Ça ne nous fait pas peur, mais ça représente beaucoup de travail et d’accompagnement.

Aujourd’hui, on parle de réglementer seulement certains produits. Trop nocif, trop soluble, ok. Les produits de remplacement seront-ils meilleurs? Ça m’agace un règlement parce que souvent ça manque de flexibilité. Je sens qu’on prend le chemin de la facilité en comptant de simples colonnes de chiffres, en interdisant les produits sans se soucier des implications financières. Je suis convaincu qu’on peut éliminer plus de 60 % des pertes par lessivage seulement par nos pratiques culturales et une bonne bande riveraine. Mais les essais présentement se tiennent sur des sites en mode conventionnel, faute de budget.

On annonce 14 millions de dollars pour favoriser la transition. Mais on a fermé nos bureaux régionaux du MAPAQ et nos clubs-conseils sont sous-financés. Je souhaite que le règlement soit assez flexible pour laisser la place à nos compétences d’agriculteurs d’agir. Espérons que nos conseillers resteront disponibles aux champs au lieu de remplir des documents administratifs. L’agriculture, c’est dans le champ que ça se passe!

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.