Nul doute que depuis quelques années, l’environnement économique est plus incertain. Après un boom de 2007 à2013, le prix des céréales a connu un repli significatif et selon plusieurs économistes, les banques centrales autant aux États-Unis qu’au Canada seraient sur le point de relever leurs taux d’intérêt. Et la récente crise sur le lait diafiltré a démontré qu’aucun secteur n’était à l’abri de secousse, un fait encore démontré par les prochaines négociations sur l’ALENA qui débuteront à la fin de l’été.
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Michael Langemier, professeur au département d’économie agricole de Purdue University, était l’invité récemment d’un webinaire de Gestion agricole du Canada sur la manière de trouver l’équilibre entre le risque commercial et le risque financier.
Le directeur des systèmes de culture au Centre d’agriculture commerciale du département d’économie agricole de Purdue University a d’abord résumé brièvement les risques en les divisant en deux catégories : les risques qui viennent de l’intérieur et ceux qui viennent de l’extérieur. À ceux-ci s’ajoutent les risques stratégiques en lien avec les orientations de l’entreprise. Selon le professeur, les risques extérieurs, soient les risques commerciaux, deviennent de plus en plus importants. Et si on devait résumer la manière d’atteindre l’équilibre, ce serait d’éviter de prendre de mauvaises décisions.
Le risque commercial se résume ainsi :
.la production agricole
.la commercialisation
.les décision juridiques
. les décisions personnelles
Lorsque l’entreprise est rentable, l’exposition au risque sont réduits d’autant. Les exemples de risque sont la diversification de l’entreprise, le plan de commercialisation, la technologie, le transfert de risque comme les assurances récoltes et la succession.
Les risques financiers englobent quant à eux les menaces affectant la santé financière de l’entreprise.
Pour atteindre l’équilibre à court terme, il faut disposer de suffisamment de liquidités, ce qui veut dire être capable de répondre à ses obligations financières à court terme.
Plutôt que le fond de roulement comme mesure des liquidités, M.Langemier préfère utiliser le ratio actuel, soit une mesure qui compare les actifs à court terme et les passifs à long terme. De cette manière, on élimine certains achats d’actifs qui pénalisent les liquidités, comme par exemple l’achat de machinerie.
Les liquidités varient inversement ratio dette/actif et de la rotation de la main-d’œuvre. Selon l’expert, une mesure de référence de la solvabilité serait un ratio dette/ratio de l’actif de 0,40. En deçà de ce niveau, les producteurs s’exposent à une augmentation des risques et des problèmes.
Le professeur fait d’ailleurs remarquer que la baisse des revenus agricoles dans les dernières années s’est traduite par une baisse des liquidités des entreprises agricoles. Mais contrairement à ce qui a été dit, il ne croit pas que les États-Unis vivent en ce moment une crise de solvabilité. Les ratios demeurent à des niveaux raisonnables, bien qu’une proportion des entreprises soit plus à risque. Selon un échantillonnage de fermes au Kansas, les ratios auraient tendance à s’améliorer.
Les sources d’un ratio d’insolvabilité élevé sont nombreuses :
.une croissance trop ambitieuse
.l’achat d’actif
.l’ajout de membres de la famille à l’entreprise
M.Langemier indique d’ailleurs que les coûts de la main-d’œuvre ne devraient pas dépasser 10% des coûts totaux. En cas de succession, l’ajout d’une personne à l’entreprise équivaut à l’injection de 500 000$ en frais de formation, salaire, etc. Si un emprunt est nécessaire pour ajouter cette personne, la hausse de l’endettement signifie un risque plus élevé ainsi que l’insolvabilité.
En terminant, le professeur suggère de faire un bilan comptable des coûts de l’entreprise afin de mesurer leur évolution. La valeur foncière ou la valeur des actifs peuvent jouer un rôle important dans le bilan mais il faut différencier les coûts et les revenus liés aux activités de l’entreprise et ceux qui ne le sont pas.