Des semences d’hybrides de maïs sans insecticide pour 2017? Le Réseau phytosanitaire (RAP) souhaite pousser la réflexion au moment où la récolte se poursuit dans les champs de la province. La pratique aurait avantage selon l’organisme à être explorée à la lumière de statistiques sur les ravageurs présents au Québec.
Par exemple, 500 000 hectares sont semés avec des semences traitées aux insecticides pour lutter contre les ravageurs des semis. Selon des dépistages réalisés dans plus de 800 champs, seulement 11% des champs dépistés au printemps dépassaient le seuil économique d’intervention d’un ver fil-de-fer par piège par semaine. Puisque ce ravageur est de plus petite taille ici qu’en Ontario et qu’aux États-Unis, l’utilisation systématique de traitements de semences aux insecticides ne serait pas justifiée pour la majorité des champs. Ce serait aussi le cas pour d’autres ravageurs, tels que les hannetons et les mouches des semis.
À lire aussi

Inondation dans les champs: quoi faire selon les cultures
La pluie a causé des siennes dans plusieurs régions mais avant de s’inquiéter, le RAP rappelle quelques informations et conseils sur ce type de situation.
Les études faites par le RAP démontrent aussi que la perte de densité de peuplement de maïs causé par les ravageurs ne se traduirait pas nécessairement par une baisse du potentiel de rendement. Si les plants manquants sont répartis de façon uniforme dans le champ, des résultats d’études scientifiques montrent qu’une baisse de peuplement de 5000 plants/ha peut être acceptée (pour une densité finale de peuplement visée de 79 100 plants/ha) sans que les rendements potentiels en soient affectés.
En contrepartie, les insecticides ont des impacts sur la qualité de l’eau, les pollinisateurs et la santé humaine. Les matières actives, à l’exception du chlorantraniliprole, sont toxiques pour les abeilles, surtout au moment du semis. Tous les produits mentionnés ont également un potentiel de lessivage élevé. La clothianidine et le thiaméthoxame ont d’ailleurs été détectés dans plus de 97% des échantillons et dans toutes les rivières du Réseau-rivières échantillonnées pour le suivi des pesticides (23 rivières).
Le RAP recommande de tenir compte de trois critères pour sélectionner ou non des semences traitées aux herbicides: l’historique d’infestation, le précédent cultural et le type de sol. Dans le premier cas, un champ ayant déjà connu une infestation de ces ravageurs est plus à risque de subir d’autres infestations et doit donc être surveillé plus étroitement. Dans le second cas, les champs avec précédent cultural de soya sont moins à risque alors que les prairies de graminées, les céréales et les champs semés en maïs depuis au moins deux ans peuvent abriter une plus grande population de vers fil-de-fer. En dernier lieu, les sols argileux sont très peu à risque alors que les sols organiques contiennent souvent des populations élevées. Les sols de textures légères à moyennes ont aussi plus de chances d’attirer les vers fil-de-fer.
La liste des semences traitées uniquement aux fongicides (sans insecticides) est disponible à ce lien. Elle sera d’ailleurs mise à jour régulièrement par le RAP.