Action de grâce, fête des récoltes

La majorité des agriculteurs ne peuvent même pas en profiter. Parce qu’ils sont justement en pleine période de récolte

Publié: 5 octobre 2021

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Action de grâce, fête des récoltes

C’est le week-end de l’Action de grâce qui arrive. Pour bien des gens, ça se résume à un week-end de trois jours. Sur le web, ça se résume à quoi faire à l’Action de grâce : des ballades en montagnes jusqu’aux spéciaux des grandes chaînes de magasin. En fait, la fête de l’Action de grâce correspond à une fête de la récolte dont les décorations traditionnelles sont des cornes d’abondance, des citrouilles et autres symboles. Une façon de remercier l’abondance des récoltes qui assuraient que les citoyens auraient amplement de nourriture pour bien traverser l’hiver.

Aujourd’hui, l’abondance est tellement régulière que plusieurs consommateurs s’inquiètent plus de la rareté du papier de toilette que de ce qu’ils pourront mettre dans leurs paniers d’épicerie. Et qui dit abondance, dit prix abordables en quantité et en qualité. Certaines personnes n’ont aucune idée de l’utilité des récoltes aux champs.

Cette semaine, on a constaté l’incompréhensible. Un nouveau voisin qui a décidé de se tracer un tout petit chemin en plein milieu d’un champ de soya. Oui, tout petit, on le voit bien, il s’est assuré de ne pas en écraser trop en faisant un grand rond à l’autre bout pour bien revenir sur ses traces. J’imagine qu’il jugeait l’abondance de la récolte et que ça ne causerait aucun souci. Je ne comprends pas! À la limite, c’est insultant.

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Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.

Je peux comprendre que ça peut sembler ésotérique d’expliquer à quelqu’un de faire attention en hiver aux cultures qui peuvent être en dessous. Qu’il ne faut pas enligner sa motoneige entre deux arbres en pensant bien faire, alors qu’on écrase l’arbuste plus petit qu’on ne voit pas. Mais circuler en plein milieu d’un champ de soya à maturité et qu’on voit les grains tomber au sol… Je ne la comprends pas. Me semble que c’est la base du respect. Je n’ose jamais aller me promener sur un quai privé ou même utiliser une descente privée pour mieux observer une rivière. Et pourtant, je ne causerais aucun dommage en petit soulier, mais une propriété privée, reste une propriété privée.

Aujourd’hui, je me ramasse avec la tâche d’expliquer à quelqu’un une évidence. Tellement évident qu’il faut trouver les bons mots pour ne pas froisser personne, parce qu’au final, on ne gagne rien à se crêper le chignon si on veut garder un bon respect entre voisin. Au fond, c’est moi qui bouille en dedans pour rendre ça acceptable pour le voisin en espérant que nos échanges porteront fruit. On devrait donc proposer des activités formatrices ou informatives pendant ce long congé.

Notons, en passant, que la grande partie des agriculteurs ne peuvent même pas en profiter. Pourquoi? Parce qu’on est justement en pleine période de récolte, que les journées sont longues, que la fatigue prend le dessus, qu’on a moins de patience et encore moins les bons mots pour expliquer l’incompréhensible à certaines personnes moins conscientes que c’est leur propre jardin qu’ils dénaturent en l’écrasant vulgairement avec leurs VTT. Me semble que ce n’est pas difficile à comprendre. Bonne Action de grâce! Espérant que vos récoltes soient abondantes. Soyez prudent.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.