Changer ma vision

Publié: 19 décembre 2017

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Changer ma vision

Dernièrement lors d’une conférence, j’ai mentionné qu’en 1994 mon frère et moi avions changé notre vision sur notre ferme. Après deux années catastrophiques au niveau de la production, inutile de vous dire qu’on savait très bien qu’il ne fallait pas passer dans le beurre une troisième fois. L’an 5 de notre démarrage et nous voilà à 3 balles 2 prises compte complet! Mais ce n’était pas de notre faute…1992 une année courte, résultat du mais échantillon à 85$/tm. 1993 pas vraiment mieux… la saison n’était pas de notre bord!  Les prix de l’époque n’aidaient pas non plus. Ah les américains sont trop subventionnés! La trésorerie à sec, on se devait d’agir.

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Après quelques nuits blanches, des heures de simulation sur Excel, d’évaluation de nos forces nos faiblesses, des discussions et certaines prises de conscience, on accouche finalement d’un plan d’affaire maison ambitieux avec des objectifs financiers et surtout humains biens précis. Agissons au lieu de réagir!

Fini d’attendre et d’interpeller le gouvernement sur la faiblesse de nos prix de soutient. On va plutôt travailler pour baisser notre coût de production et innover dans notre façon de faire notre mise en marché.

On doit être plus efficace, plus dévoué, plus observateur, plus patient, plus professionnel et encore plus impliqué. Baisser nos achats d’équipements qui s’amortissent au profil de nos compétences qui s’apprécient .

Et chaque fois qu’on aura tendance à mettre le blâme d’une mauvaise performance sur quelque chose d’extérieur on va s’organiser pour éviter que ça se reproduise. Prévenir au lieu de quérir! Prendre les obstacles comme des défis.

Je ne sais pas si c’est nos objectifs financiers  ou  notre détermination qui ont convaincu nos conseillers financiers de nous supporter. De mon coté j’ai réalisé que j’étais prêt à mettre mon cœur, mes clefs, mes bobettes en garanties non pas pour faire de l’agriculture mais bien pour être agriculteur. L’objectif de départ n’a jamais été d’être millionnaire mais bien de faire ce qu’on aime le plus : cultiver la terre. Innover,  changer nos méthodes culturales pour mieux contrôler et bénéficier de l’écosystème autour de nous. Faire autrement voir plus loin que la simple colonne annuelle de performance  pour viser de meilleures résultats à longs termes. Difficile de maintenir le cap en attendant la venue de résultats plus concrets.

Aujourd’hui on réalise qu’on  était sur la bonne voie. Je refuse de donner tout le crédit d’une bonne ou mauvaise saison à dame météo. Nous les agriculteurs, on peut intervenir positivement à différentes étapes du système de culture pour amoindrir les imperfections météo. Évident qu’on ne peut empêcher un gel mortel le 15 septembre. Mais si on a établis une bonne rotation équilibré les risques sont partagés et on peut certainement mieux s’en sortir. Pas assez de neige? Arrangeons nous pour conserver le peut qu’il tombe dans le champ. Manque d’eau ou trop? Un bon drainage, des plantes de couvertures ou des résidus de surfaces feront l’affaire.

Les effets des changements climatiques se font déjà sentir. Nos défis seront de plus en plus complexes dans le futur. On devra encore innover dans nos façons de faire. Ça ne m’inquiète pas car c’est facile de constater la qualité du génie agricole des agriculteurs. Je dis toujours qu’il n’y a personne d’aussi déterminé qu’un agriculteur qui veut réussir quelque chose! Je me sens particulièrement fier de faire partie de ces hommes et femmes de terre qui auront à relever ces défis qui s’annoncent passionnants.

Fier du privilège qu’on a de nourrir les gens. Profession :Agriculteur!

Bonne réflexion et joyeux temps des fêtes!

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.