Donner au suivant, au bénéfice de l’environnement

Impliquer un peu plus nos consommateurs nous permettrait d’aller beaucoup plus loin

Publié: 13 août 2019

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Donner au suivant, au bénéfice de l’environnement

J’ai fait ma B.A. aujourd’hui! Oui, oui! J’ai fait ma bonne action. Tu sais le genre donner au suivant…une action posée sans rien attendre en retour. Certains prétendent que si chacun de nous prenait le temps d’en faire une par jour le monde se porterait tellement mieux. Bien sûr certains ont su tirer profit de l’idée et en on fait des émissions télé à sensations, avec d’énormes résultats positifs pour LA famille chanceuse, financées par plusieurs commanditaires qui veulent se faire voir…pour en retour faire des profits.

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Sur notre ferme on fait notre B.A. en accomplissant chaque jour des B.E. Un B.E. c’est un bénéfice environnemental. Ça peut être de travailler à réduire les pesticides, aménager et élargir nos bandes riveraines, planifier des stratégies de semis de plante de couverture, élargir nos rotations, diminuer  notre utilisation de pétrole, installer des nichoirs, adopter des pratiques de conservation qui nous permettent de diminuer nos émissions de GES et capter le carbone, favoriser et protéger la biodiversité générale de nos champs tout en s’assurant de garder et même d’améliorer nos performances  agronomiques.

L’important c’est de nourrir sainement le plus de gens possible au meilleur coût et avec une rentabilité positive pour la ferme. En relevant ces nouveaux défis on a quand même réussi à y trouver un certain retour sur investissement. Mais ça prend énormément de notre temps et on se retrouve bien loin de la loi de Pareto qui dit que 20% de nos actions rapportent 80% de nos bénéfices. Je dois donc cibler nos actions les plus productives et m’y concentrer. Je ne pourrai jamais dire à mon créancier: «  j’ai vécu une année 2019 de m……isère,  par contre, j’ai élargi mes bandes riveraines et j’ai planté des arbres. » Donc, je dois trouver une façon d’intégrer ces techniques dans mon système normal de gestion sans que ça devienne trop accaparent en temps. En production biologique les agriculteurs sont déjà rémunérés en partie pour leurs B.E. par des prix beaucoup plus élevés. En conventionnel tous nos efforts sont dilués dans la masse et vendus  carrément au même prix…donc, on fait des B.E. carrément sur notre bras!

J’aime l’idée d’encourager les agriculteurs à s’orienter vers de nouvelles techniques d’amélioration des B.E. et d’avoir droit à une certaine contribution pour les actions réellement posées au champ. L’idéal serait d’obtenir une certification d’une chaîne de valeur ajoutée avec une définition claire pour que le consommateur s’y retrouve. Une  certification intermédiaire entre le bio et le conventionnel qui compenserait une démarche agroenvironnementale globale. Plusieurs d’entre nous le faisons déjà par défi et passion.

Réussir à impliquer un peu plus nos consommateurs nous permettrait d’aller beaucoup plus loin. Une B.A. svp pour qu’on puisse faire notre B.E.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.