Faites vos jeux rien ne va plus! On se croirait au casino. Depuis quelques semaines nous sommes plusieurs à se demander ce qui arrive avec le marché des grains et surtout jusqu’où il peut bien aller. C’est ça le marché des commodités. Pour que ça bouge fortement ça prend de l’incertitude.
N’importe quoi, n’importe quand, quelque chose qui peut exciter un spéculateur qui cherche des opportunités. Grosso modo quand le marché oscille dans un corridor connu tous nos cours d’analyse graphique peuvent fonctionner assez bien, mais quand on change de corridor sur de nouvelle base c’est dans ces périodes que ça devient un peu plus rock and roll.
À lire aussi

Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Le marché bousier se déconnecte du fondamental et c’est là que l’émotion, la spéculation entre en jeu. Prédire jusqu’où ça peut aller peut se comparer à jouer à la roulette. C’est grisant pour le coût gagnant, mais ça ne garantit pas nécessairement une bonne moyenne à la fin. Il me faut donc établir à l’avance un plan stratégique de commercialisation écrit sur lequel j’établis mes objectifs de prix en prenant bien soin de séparer le niveau du CME, la valeur du dollar canadien et la base. C’est d’autant plus important quand ça bouge énormément. Un exemple : vendre aujourd’hui du maïs 6 $ la tonne plus cher qu’il y a deux jours peut vouloir dire qu’en réalité j’ai vendu 2 $ de moins. En supposant que le contrat à terme a monté de 0,30 $. Ça veut dire qu’on a escompté la base de 0,10 $.
Pour contourner ce phénomène qui arrive assez fréquemment en forte période de hausse, c’est toujours bon de planifier différentes combinaisons de construction de prix. Fermer seulement la base sur un certain pourcentage de nos ventes nous permet de maximiser notre potentiel de levier si le marché s’emballe. Je dois aussi déterminer mes périodes névralgiques de besoin d’entrée d’argent dans ma trésorerie pour éviter de faire des ventes de feu pour remplir mes obligations financières. Mais le plus gros du travail consiste à bien connaître notre propre coût de production chez nous et d’établir nos objectifs de marge bénéficiaire. On établit trois degrés d’objectif de marge bénéficiaire à l’avance. Plus on a du temps devant nous plus on vise le haut de la fourchette. Faut s’assurer d’être prêt à faire feu dès que l’opportunité se présente. Les prix actuels sont excitants. Je viens de vendre du maïs 0,12 $ de plus qu’hier tout en écrivant mon texte. Le soya monte de 0,46 $!!! Il est parti où? Aucune idée.
Je fixe l’écran, je compare mes historiques de ventes des dernières années. Mes orteilles frétillent. Rien à faire, mon doigt pèse sur le piton et je passe à l’action. Je sais quoi faire : vendre du grain. Dans le doute, je coupe le lot prévu en trois en quatre en autant que je ne reste pas figé devant cette opportunité. Je focus sur des bases US pour notre soya 2021. Pourquoi en US? Pour me donner des opportunités. Le pétrole est bas et le dollar US bat de l’aile. Dès que Monsieur orange sera enfin parti l’économie américaine devrait reprendre de la force et notre dollar ne pourra pas suivre avec un pétrole à 50 $. Je ne suis pas devin mais .02 $ de baisse sur notre dollar canadien c’est réalisable et au final ça représente 15 $ la tonne. Encore une fois on va étaler nos stratégies comme s’il s’agissait d’un portefeuille de placement. Du travail méthodique qui n’a rien à voir avec le jeu de la roulette :-) Profession agriculteur