On nous annonce encore de la pluie jusqu’à jeudi. Ensuite, on aperçoit une mince fenêtre de quatre cinq jours de belles journée chaudes et ensoleillées qui devraient être suivies d’une autre séquence de pluie. Ça confirme le dicton : après la pluie le beau temps. Quatre jours de fenêtre pour semer le blé de printemps, si ce n’est pas déjà terminé, et probablement une excellente fenêtre pour démarrer en trombe le semis du maïs.
Il me semble que les fenêtres sont de plus en plus complexes à gérer. Plus courtes en plus. Ça nous amène, en général, à considérer de s’équiper davantage afin de réussir l’exercice de semer à tout prix dans un court laps de temps.
Désolé pour ceux qui ne croient pas encore aux changements climatiques, mais c’est justement un des phénomènes qui sera de plus en plus présent dans le futur. Ça pourrait confirmer la raison de vouloir s’équiper encore plus pour réussir à tout semer dans une plus petite fenêtre encore.
Je me rappelle quand nous avons commencé à penser à la technique du semis direct, j’avais entendu un agriculteur se déclarer paresseux. Pourquoi s’épuiser à travailler le sol quand on peut arriver au même résultat, voire meilleur résultat, si on s’occupe de favoriser ce travail en planifiant nos séquences de cultures, qui elles, favorisent le travail de nos microorganismes.
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Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Hey boy! Le terme paresseux n’est pas un terme à la mode en agriculture, mais aujourd’hui j’y vois un grand avantage d’être paresseux en « énergie », mais brillant et stratégique dans son mouvement. Tsé quand on dit : M. Untel, il ne déplace pas d’air pour rien, mais ses coups portent! Faisant souvent référence à un gars d’expérience et efficace.
Chez nous, au lieu de grossir l’équipement pour tout réussir en un court laps de temps, on a décidé de « grossir », voire élargir notre rotation. Pourquoi? Pour justement étaler nos fenêtres de semis dans le temps et se retrouver à optimiser l’utilisation de nos équipements. En fait, on picosse lentement tout le temps sans faire beaucoup de bruit, au lieu de dépenser des sommes énormes en énergie et surtout en coût d’équipements toujours de plus en plus cher.
Je dis souvent à la blague que nos journées les plus payantes, c’est quand on n’entend rien autour de la ferme. Qu’à la limite, on pourrait entendre nos vers de terre brasser les 400 tonnes de matériel chaque jour. Mais pendant qu’eux brassent, on planifie, on observe, on creuse, on gosse, comme dirait certains, mais on est flexible dans notre approche afin de s’adapter aux conditions météo qui changent d’humeur rapidement.
On se retrouve donc aujourd’hui avec plus de 35 % de nos surfaces de récoltes déjà semées et en excellentes conditions sans avoir vraiment eu l’impression de travailler. Tout juste avant la pluie, on évaluait nos couverts vivants de blé et de trèfle. On devait choisir si on arrêtait leur croissance ou si on attendait après la pluie. On a finalement décidé de garder le couvert pour s’assurer qu’il pompe l’eau et accumule du carbone.
Dès que la pluie sera terminée, le blé va assécher le sol et on va se retrouver avec un sol couvert prêt à semer en canola sans aucun effort additionnel. Je me souviens de l’époque où fallait sortir toute la vaisselle de la remise : vibro, déchaumeuse, semoir, rouleau, etc. Maintenant, on sort le semoir et bingo! On sème. On pourrait dire : On s’aime! Moins fatiguant, moins d’effort, moins de douleur au dos. Une vraie job de paresseux. Mais nos coups portent! Profession agriculteur.
